– T'as vu, Fanta ? J'ai fait ce que t'aimes, frites et cotes d'agneau. Et sans entrée parce que t'en vois pas l’intérêt. Lança Audrey tout sourire à Fanta.
– Ouais bof, y'a mieux.
Audrey sourit, Scara et Kimberley pouffèrent de rire et Nadine me lança un regard embarrassé. Comment cette petite conne osait elle insulter ma femme devant elle ? Je ne répondis rien. Je ne sais si ce fut pour Audrey ou par lâcheté.
– Papa, comme t'es à coté du frigo, donne de la mayo et du ketchup s'il te plaît.
J'essayai alors de blaguer et flatter pour détendre l'atmosphère.
– D'accord, mais juste pour moi alors ! Des jeunes filles aussi sveltes et modernes que vous, ça doit sûrement faire un régime non ?
– Pourquoi on devrait faire un régime ? C'est toi, ouais. Un gros porc comme toi devrais en faire. Tema ton ventre on dirait un éléphant de mer. Vas-y envoie la mayo au lieu de parler pour rien, me répondit Fanta en me toisant.
Abasourdi par sa remarque, je restai sans rien faire quelques secondes. Excédée, elle m'arracha le pot de mayonnaise des mains. Les filles, dont la mienne, éclatèrent de rire.
– Et d'ailleurs, vu comme t'es gras, tu devrais même pas manger autant de frites. Putain Audrey, guette comment ton père s'est servi, on dirait il a pas mangé depuis 4 ans, ah ça me dégoûte de voir des obèses manger comme des gros porcs. Ça me coupe l’appétit, wallah.
– J'avoue papa, tu manges trop, c'est dégueulasse.
Sentir ses regards dégoûtés de lycéennes fixer mon ventre me fut douloureux. Mais le pire fut de voir Nadine baisser les yeux sur son plat et ne rien dire. J'étais humilié.
Fanta prit mon assiette et en déversa la presque totalité du contenu dans son assiette. Elle me laissa exactement 5 frites.
– C'est pour ton bien, gros, me dit elle en souriant.
Éclats de rire.
– Non merci, je crois que je vais aller dans ma chambre me mater un film ça vaut mieux, répondis-je.
– Putain c'est quoi ce mauvais père ? C'est l'anniversaire de ta fille, et tu veux même pas y assister. En plus d’être gros, t'es égoïste. Putain tu cumules, gars, cria Fanta.
– Nan mais laisse, les darons blancs c'est les pires. T'as pas remarqué à la télé, les histoires chelous de mauvais parents c'est toujours des blancs ? Ajouta Scara.
– Ouais genre les bébés congelés là ? Putain ils ont des soucis, wallah ! Dit Kimberley.
– Mais pire ! Comme dans « pascal le grand frère », t'as déjà vu un noir steup' ? Toujours les mêmes, en plus d’être nuls, ils ont aucune autorité, c'est chaud, renchérit Fanta.
Choqué par le racisme de leur propos, Audrey, Nadine et moi-même restâmes muets.
– Sinon elle est où la piscine ? Demanda Fanta à Audrey.
– Juste derrière dans le jardin, vous avez ramené vos maillots ?
– Ouais, ouais.
– Ah alors, j'irai vous rejoindre tout à l'heure, ça fait longtemps que je suis pas allée dans la piscine ! Dit Nadine.
Fanta eut l'air faussement embarrassé.
– Qu'y a t-il ? Lui demanda Nadine.
– Chai 'ap, mais à votre place.. Enfin bref.
– Dis moi ?
– Bah .. c'est pas pour vous vexer madame, mais.. Enfin ma daronne, perso, elle aurait jamais voulu aller dans la piscine avec nous.. C'est une question de pudeur et d'honneur... Enfin je sais que vous les blancs, vous avez pas la même culture, et vous savez même pas ce que veut dire « pudeur » mais.. Enfin quand on a eu des enfants et qu'on est âgé.. Forcément le corps il est plus aussi, enfin voilà quoi (fou rire de Kimberley et Scara).. ça peut gêner Audrey, faut penser à elle, nan ?
Les joues de Nadine s'embrasèrent. Fanta venait de lui signifier qu'elle était trop vieille et trop moche pour avoir le droit de se montrer en maillot de bain. Je me sentis humilié.
- Ouais j'avoue, elle a raison Fanta. Maman c'est mieux si tu viens pas, pour moi mais aussi pour toi quoi..
Nadine, le visage écarlate, émit un faible sourire.
– Oui bien sur, comme vous voulez ! Dit elle.
Fanta lui sourit.
– Contente que vous le preniez bien. Sincèrement, c'était pas pour être méchante, dit elle poliment.
Mais oui, bien sur...
– Au fait, vous m'avez acheté quoi comme cadeau ? Nous demanda Audrey.
– Tu verras après, dirent en chœur Nadine et moi-même.
– D'accord ! Et vous, les filles ?
Scara et Kimberley firent mine de regarder autre part. Pas Fanta, qui la fixa droit dans les yeux.
– On est trop pauvre, on t'a pas acheté de cadeaux. Lança t-elle en dévorant une cote d'agneau.
– Ouais, c'est la crise... Ajouta Scara faussement attristée.
– Nous on a pas d'argent de poche, on a pas des darons blancs, désolée meuf, dit Kimberley les yeux rivés sur son blackberry car elle écrivait un texto.
– Ah, c'est pas grave, vous inquiétez pas, dit Audrey souriante.
Mais je sentais en elle une pointe de déception. Ce qui n'eut pas l'air de gêner ses camarades qui se lancèrent dans une discussion à propos de garçon, de laquelle elles l'exclurent.
– Tu parles à qui ? Demanda Fanta à Kimberley.
– Jordan, tu sais, le mec de Tania.
– Ah ouais, le madinina là ? T'es sur lui ?
– Nan meme pas hein, juste je l'ai vu hier soir.
– Vous avez fait quoi ? Demanda Scara.
– Franchement rien... Dit Kimberley d'un air coquin.
– Vas y raconte wesh !
– Je l'ai juste sucé, c'est tout.
Nadine avala de travers ses frites.
J'étais sidéré qu'elles puissent parler de ce genre de choses devant ma femme et moi-même. Et puis Audrey, ma fille innocente, que faisait-elle avec ces filles là ?
– Tema la daronne elle est choquée. Dit en riant Kimberley.
– Y'a rien de choquant c'est la nature. Ajouta Scara.
– Faites pas la pucelle crari, tout le monde à cette table sait que vous avez sucez votre mari et pas qu'une fois, ça se trouve, vous aussi hier soir vous étiez en train de le pépom de fou.
Nadine, qui n'était plus rouge mais livide, sourit, et sortit de la cuisine.
Mon dieu mais qu'est ce que c'était que ces filles.
– Je vous prierai d'éviter de genre de sujets scabreux sous mon toit, devant ma famille et moi-même et a fortiori lorsque l'on se trouve à table.
– Pourquoi ? Demanda de façon désinvolte Fanta.
– Il y a ma fille, je n'ai aucune envie qu'elle parle de ce genre de choses, elle est bien trop jeune.
Fou rire général. Audrey eut l'air énervé.
– Je suis plus une gosse, papa.
– Bon tais toi, dis je car je n'avais vraiment aucune envie d'en savoir plus.
– Vas-y moi je vais même pas parler parce que je sais que ça va dégénérer sinon. Ah si il savait... dit Fanta, eh apporte moi du ketchup aussi, ajouta t-elle à mon égard.
– Pardon ?
– Je veux du ketchup, donc lève toi et va m'en apporter. On est les invités, non ? Putain comment t'as pas de manières c'est un truc de fou.
– Allez papa, sois poli quoi.
Afin d'éviter une querelle inutile, je m'exécutai.
– Voilà, dis-je en lui tendant le tube de ketchup.
Sans remerciement, elle me tendit son verre.
– Va laver mon verre, j'avais bu du coca dedans mais maintenant je veux de l'eau, et je veux pas que les 2 goûts se mélangent.
– Pardon ?
– Vas-y dépêche toi là, dit elle en faisant un geste d'impatience de la main, et prends les verres des autres aussi. Rends toi utile, non ?
Exaspéré, je m'exécutai. Sous les rires moqueurs des jeunes filles.
– C'est qui ça ? Dit Fanta en pointant du doigt une photo de ma femme et moi à 25 ans.
– Mes par.. heu mes darons, dit Audrey en essayant de parler avec l'accent des banlieusards.
Fanta la toisa avec mépris.
– Monsieur, comment vous étiez mieux avant, c'est une dinguerie, dit-elle à mon égard, maintenant vous ressemblez à Carlos un peu, mais sans barbe. Et votre femme on dirait Bernadette Chirac despi, non ?
Fou rire.
– Je ne vois absolument pas le rapport entre ma femme et moi, et Carlos et Bernadette Chirac, dis-je vexé, finissant de laver les verres.
– Ah bah putain, moi je le vois. Enfin je sais 'ap, t'façon pour moi, les blancs se ressemblent tous.
Approbation de ses camarades, dont Audrey.
– Bon on va à la piscine, ordonna Fanta aux filles. Et toi ramène les verres avec toi, avec les bouteilles d'eau et de coca, ajouta t-elle à mon encontre.
J'avoue que je suis de plus en plus impatient d'un passage à l'action ...
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