jeudi 5 septembre 2013

Ghetto Youth New Generation 13

                    Tu vas bien ? Dit Nadine en se lovant contre moi sur le sofa.
                    Oui ça va, un peu fatigué par la semaine mais ça va, dis-je en la serrant dans mes bras.
Elle sourit d'aise.
                    Cela faisait longtemps que tu ne m'avais pas serré comme ça. Ça me manquait...
                    Oui moi aussi.. Mais avec le déménagement, le boulot...C'était dur. Mais je serai plus présent maintenant, promis.
Elle tourna ses beaux yeux verts vers moi et tendit la bouche pour réclamer un baiser. Je l'embrassai. Quand je pense qu'elle avait été une des plus jolies filles de mon lycée... On sentait en elle les vestiges de la beauté, de la fraîcheur. Ses yeux pétillaient comme au temps de ses 20 ans, mais la peau s'était affaissée autour. Sa bouche était toujours aussi rouge, mais les rides qui s'y dessinaient sur les cotés lui avait fait perdre de sa superbe. Ses beaux cheveux bruns n'étaient plus et avaient laissé la place à une chevelure terne et grise par endroits. Ses hanches étaient moins larges, et ses gros seins avaient fini par se faire avoir par la gravité.
Le temps est la pire chose qui existe ici bas. J'en suis certain. Mais malgré ça, je l'aimais toujours autant, peut-être même plus.
                    Berk, vous êtes dégoûtants ! Lança Audrey qui venait de débouler dans le salon.
                    Tu crois qu'on t'a faite comment ? Lui répondis-je goguenard.
                    Arrête ! Je veux pas savoir ! Dit-elle en se bouchant les oreilles.
Nadine et moi pouffèrent de rire. Elle s'étira, me fit un bisou dans le cou.
                    Allez, faut que je rejoigne ta fille, on a des trucs à terminer.
                    Quels trucs ?
                    T'es pas au courant, on doit..
                    Maman ! Dépêche toi, s'il te plaît ! Hurla Audrey, qui était dans la cuisine.
                    Bon tu verras bien, pas le temps de t'expliquer. Fais moi un bisou.
Je lui fis un gros bisou sur la bouche. Sans mettre de langue. Satisfaite, elle alla rapidement rejoindre sa fille.
Et je repensai à nos premiers émois, et à nos baisers fougueux d’antan. Pourquoi ne ressentions nous plus le besoin de nous embrasser follement pendant des heures, de nous frotter, de nous toucher, de nous lécher ? Que s'était il passé ?
Je me regardai alors dans le large miroir mural du salon. J'inspectais chaque détail de mon corps, les soupesaient de mes mains, en éprouvais la fermeté ou plutôt son absence. C'est vrai que l'eau avait coulé sous les ponts. Je n'étais plus de la première fraîcheur, faut le dire. Je me demande ce que mon « moi » de 20 ans aurait pensé en me voyant. J'étais plutôt pas mal étant jeune. Je conviens qu'il soit dur à le croire en me voyant là. Je devais avoir pris 20, 30 kg depuis le temps. Nadine ne m'a jamais critiqué là dessus. Elle aurait peut-être du. Je perdais mes cheveux. Mon visage avait perdu de son angulosité. A cause des kg en trop, ma mâchoire semblait molle. Je faisais plus vieux que mon age.
Oui, je le répète : Le temps est bien la pire chose qui existe ici bas.
La porte sonna.
                    Papa, va ouvrir ! Maman et moi on peut pas là !
Qui cela pouvait être ? On attendait personne pourtant.
                    Wesh, me dit Fanta alors que j'ouvrai la porte.
                    Bien ou quoi ? Me demanda Kimberley en entrant avec Scara.
                    Mais.. Qu'est ce que vous faites là ? Demandai-je abasourdi, et effrayé malgré moi.
                    Bah c'est l'anniversaire d'Audrey, donc on est 'al c'est tout. T'avais oublié, papi ? Déjà Alzheimer ou c'est comment ? Me répondit Fanta.
Et elles allèrent s'installer dans le salon. Il s'était passé une semaine depuis que je les avais ramenées en voiture, je les avais oubliées.
Je crus apercevoir Kimberley prendre sur la table basse du salon un zippo en argent massif m'appartenant, puis le mettre subrepticement entre son énorme poitrine. Estomaqué qu'elle puisse voler impunément sous mon toit et surtout devant moi, je restai muet. Après quelques secondes, alors que j'étais sur le point de lui hurler dessus, Audrey déboula dans le salon.
                    Hey vous êtes là ! Super ! Le repas est prêt, vous venez ?
Pour seule réponse, Audrey eut le droit à des sourires froids.
Le petit groupe et moi-même qui n'oubliai pas ce que je venais de voir, allèrent s'asseoir dans la cuisine. Nadine avait déjà placé tous les plats. Alors qu'elle s’apprêtait à s'asseoir à coté de moi, Fanta lui piqua rapidement la place. Nadine eut l'air ébahie. Ce qui m'énerva encore plus.
                    Heu, c'est la place de ma femme d'habitude.. dis-je à Fanta.
                    Ouais, et ? Me répondit-elle en se servant des frites.
                    Oh c'est pas grave, je vais me mettre à coté d'Audrey. Changer de place une fois seulement, c'est pas si grave, dit elle en souriant à Fanta, qui l'ignora.

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