lundi 2 septembre 2013

Ghetto Youth New Generation 12

                    C'est bon, les filles, vous pouvez venir ! Dit Audrey, le visage illuminé.
Scara et Kimber la toisèrent. Fanta porta sa main droite à sa bouche et pouffa de rire.
                    Elle nous a appelé « les filles » …
Scara et Kimber éclatèrent de rire à leur tour.
-          Je t'ai pas dit que c'était une pure loss ?, murmura Scara à Fanta.
Audrey fit comme si elle n'avait rien entendu et ouvrit les portes de la voiture aux filles.
Scara et Kimber se placèrent sur les sièges de derrière.
                    Va t'asseoir à coté de Kimber, non ? Ordonna Fanta à ma fille.
                    Heu.. Bah je comptais m'asseoir à coté de mon père...
                    Nan, va t'asseoir derrière.
                    Mais …
                    Putain, tu nous fais perdre du temps bêtement là, va t'asseoir wesh. Ah ouais, la meuf fait des chichis même pour s'asseoir, c'est une dinguerie.
                    Heu oui, d'accord.
Ébahi, je suivis du regard ma fille, les yeux rivés vers le sol, s’asseoir près de Kimberley, sur le siège derrière le mien. Fanta et moi nous installâmes en même temps dans la voiture. Je sentis son regard me transpercer le dos. Tandis que je démarrai la voiture, Fanta, d'un coup brusque, sans autorisation, alluma la radio.
                    Tu mets quelle station, demanda Kimberley.
                    Skyrock, répondit Fanta en me toisant sans aucune raison.
La musique « Maitre Gims – j'me tire » retentit dans la voiture. Fanta émit un long tchip.
                    C'est devenu un vrai lossbo lahuis, un délire.
Et elle changea de station. Maintenant c'était voltage.
La musique fut celle que j'avais du subir dans la voiture quelques heures auparavant, « Amel Bent et Soprano : Quand la musique est bonne ».
                    Ah, voilà la musique préférée d'Audrey, dis je en soupirant.
                    Pff t'y connais rien, elle est trop bien, dis Audrey, en regardant ses camarades, s'attendant à ce que celles ci la soutiennent.
Au lieu de ça, celles ci se retournèrent d'un coup vers elle.
                    Putain... Je sais pas si le pire c'est qu'elle écoute vraiment cette merde, ou qu'elle ait dit « trop bien », dit Fanta.
Kimberley et Scara éclatèrent de rire.
                    T'as tout dit ! Parvint à dire Kimberley entre 2 rires.
Audrey était livide.
                    Tu me fais de la peine, wallah. Ecouter cette grosse porc d'Amel Bent.. Elle, je vais rien dire, parce que.. y'a rien à dire, juste tu la regardes tu comprends. Mais Soprano, ça me dégoûte un truc de fou, avant c'était un vrai, maintenant, depuis qu'il passe sur mtv, rien qu'il baisse son froc, putain le mec il va jusqu'à chanter wesh, il chante ! C'est même plus un rappeur pour moi. En plus tema ils font quoi, une vieille reprise de chanson de blancs des années 60, wallah ça me blaze.
                    Putain t'as tout dit. Ajouta Scara, C'est pareil pour la fouine, le gars d'abord il se met à chanter, et en plus avec cette sale pute de Patrick Bruel, mais wesh ?? C'est quoi ça ? C'est pour ça, Booba est et sera toujours supérieur, y'a rien à ajouter. C'est le padre du game, c'est tout.
Audrey, toujours livide, semblait tout comme moi, ne rien comprendre à cette conversation.
                    Eh eh arrête de clasher La Fouine, j'avoue avec Patrick il a déconné, mais il reste trop dar. Lança Kimberley
Fanta éclata de rire.
                    Ah ouais, on peut pas parler de La Fouine devant elle, depuis qu'elle a réussi à rentrer dans sa loge après un concert, elle est amoureuse !
                    Grave pas, j'avoue il est frais, mais c'est pas mon type, il a trop un corps de lâche. En plus il a une meuf, des enfants tout ça...
                    Crari.. Comme si ça te posait un problème... Dit Scara.
Les 3 filles éclatèrent de rire, complices à propos de souvenirs dont Audrey et moi étions exclus.
                    Bon je vous emmène où alors ? Vous ne m'avez pas dit où vous habitiez. Leur demandai-je.
                    C'est après chez 'oit, t'inquiète pas on te dira. Dit Kimberley.
Fanta s'étira, déplia ses minces jambes et posa ses pieds nus sur la boite à gants. Ils étaient petits, cambrés et minces, sur chacun il y avait une bague argenté au second orteil. Les ongles étaient pédicurés.
                    Heu, ça, ça va pas être possible, mademoiselle, lui dis-je.
                    Pourquoi ? Répondit-elle de façon on ne peut plus agressive.
                    Parce que c'est pas une table, voilà pourquoi. Donc enlève tes pieds s'il te plait.
Furieuse, elle donna un coup de pied dans ma boite à gants, celle ci fit un bruit de craquement.
Surpris, par la violence de son geste, je déglutis.
                    Putain, ça me fout le seum ça ! T'étais pas au match ? Me demanda t-elle.
                    Heu.. si.. Pourquoi ?
                    Donc t'as bien vu, comment je me suis dépensée, j'ai passé plus d'une heure à courir, j'ai fait gagner mon équipe, là je suis archi fatiguée, en plus ya 2 semaines j'avais encore une entorse à la cheville, donc je récupère moins bien que d'habitude, j'ai besoin de déplier mes jambes pour reprendre des forces, et toi juste pour faire crari le père autoritaire tu refuses. Tu crois mes pieds sont sales ?
J'étais absolument pris au dépourvu par sa soudaine colère, et j'eus du mal à assimiler toutes les informations.
                    Mais ab.. absolument pas, je le vois bien qu'ils sont propres, c'est une question de politesse, c'est tout, je ne voulais pas vous énerver.
                    Mais t'es sérieux de me parler de politesse ? Parce que je suis noire je suis pas polie ?
                    … Je n'ai jamais dit ç...
                    Olbatar, il t'a pas respecté, wallah, ajouta Scara en me toisant.
                    Non mais le gars, rien qu'il inverse les rôles. J'ai un problème à la jambe, j'ai besoin de les déplier, il vient me soûler, me parlant de politesse. Mais putain c'est toi qu'es pas poli mon gars, tu vois bien que j'ai un soucis à la jambe et au lieu de me proposer de me mettre à l'aise, tu veux que je reste la jambe pliée, alors que je peux 'ap rester comme ça. Si t'étais poli, tu me l'aurais proposé directement.
                    J'avoue, vous êtes pas poli monsieur. Ajouta Kimberley.
Choqué par la façon dont les rôles avaient été inversés, je restai muet.
                    Je sais pas, y'a un minimum de savoir-vivre à avoir dans la vie, non ? Ajouta Fanta avant de me tchipper longuement.
                    Après on dit c'est les noirs et les arabes les moins polis... ça me fout le seum, dit Kimberley.
                    Mais bon sang ! Je ne savais même pas que vous aviez mal à la jambe ! Dis-je excédé.
Fanta donna un puissant coup de pied dans la boite à gants, qui se fissura. Je devins blême, et j'entendis Kimberley et Scara éclater de rire.
                    Putain, mais ça se voit ap que j'ai mal à la jambe ? Hurla t-elle d'un coup et tellement fort que je sursautai.
Non ça ne se voyait pas, et d'ailleurs si elle avait eu vraiment mal, aurait t-elle pu briser ma boite à gants d'un coup de pied ? Mais j'étais trop choqué et effrayé de son attitude pour dire quoi que ce soit.
                    Mais putain papa, j'avoue, ça se voit qu'elle a mal, pourquoi tu fais le daron coincé, sois moins rigide putain, elle a fait gagné notre équipe, et tu trouves toujours quelque chose pour me soûler, elle voulait juste poser ses pieds sur la boite à gant !
Entendre ma fille enfoncer le clou m'énerva profondément. Je perdais peut-être mes moyens lorsque Fanta s'énervait, mais pas lorsque c'était Audrey.
                    Oh tu vas me parler autrement, dis ? C'est pas parce que y'a tes copines, que tu dois te croire tout permis. T'as compris ?
                    Putain t'es trop con, wallah. Dit Audrey.
Après 3 longues secondes de silence, Fanta, Scara et Kimberley éclatèrent de rire. Audrey n'eut pas l'air de comprendre que c'était d'elle qu'on riait, car elle rejoignit le fou rire.
                    J'ai mal entendu ou elle a dit wallah ? Oh putain j'en peux plus, dit Kimberley littéralement pliée en deux.
                    Non mais laisse, pouffa de rire Fanta.
J'eus honte pour ma fille, mais ne dis rien. Elle avait l'air satisfaite de l'effet produit.
Après plusieurs longues minutes de fou rire, Fanta se racla la gorge, et me fixa tout en parlant aux filles.
                    Putain c'est un délire comment tu joues mal Audrey, dit elle.
                    Ça fait longtemps que j'ai pas fait de sport...
                    Quel rapport ?
Scara et Kimberley rirent, Audrey se sentit obligée de rire jaune.
                    Bah je suis pas en forme, quoi..
                    Parce qu'un jour t'as été en forme ?
                    Heu.. Bah...
                    Tu sais pas jouer, mais tu sais pas non plus parler. En fait tu sers à quoi ?
                    Elle sert à rien, mais son dar' il va servir de ouf, murmura Kimber à Fanta.
Je ne compris pas, ou plutôt essayai de ne pas comprendre.
                    Non mais je dis pas ça pour être méchante, mais quand tu cours, on dirait une poule.
Eclats de rire.
                    Olbatard, gloussa Scara.
                    Enfin nan même pas, une poule, comment il s'appelle le délire trop cheum là, avec un bail rose qui pend sous le bec là, même il est dans la ferme aussi là..
                    Un dindon ? Demandai-je.
                    Ouais voilà c'est ça, merci monsieur, Audrey tu ressembles à un dindon despi.
Fou rire.
J'eus honte d'avoir involontairement aidé Fanta à se moquer de ma fille. Je me jurai de ne plus participer à leur conversation.
                    .. Tu trouves ?
                    Ah nan c'est pas que JE trouve, tout le monde le trouve, tu cours comme un dindon point barre.
                    Et y'a pas que pour ça que tu ressembles à un dindon.. Commença Scara.
Kimberley éclata de rire.
                    Tu vois leur peau, ça fait des grumeaux crari, continua t-elle, bah toi aussi.
Fou rire général. Audrey ne répondit rien.
                    Ouais à cause de tes boutons, ta peau elle est cheloue, ajouta Kimberley.
                    L’acné ça se soigne tu sais. Dit Scara.
Je trouvai que Kimberley et Scara avaient du culot de parler à ma fille de sa peau, alors qu'il se voyait à des kilomètres que celles ci cachaient leurs boutons sous des tonnes de fond de teint.
                    C'est pas de l'acné, c'est des boutons d'angoisse, depuis que je suis arrivée ici je..
                    Ah putain dégueulasse, me touche 'ap ! Dit Kimberley en se collant à Scara.
                    Mais c'est pas plus dégueulasse que de l'acné, c'est juste que..
                    Ta gueule, j'ai pas envie de savoir c'est dégueulasse ! Lança Kimberley.
Blanche de honte, ma fille se tut. Les yeux rivés vers la route, je crus sentir le regard goguenard de Fanta me fixer.
Elle semblait prendre du plaisir à ce que ma fille soit humiliée à coté de moi.
Après 3 raclements de gorge, Audrey réussit à parler faiblement.
                    Au fait le week-end prochain, c'est mon anniversaire, vous pouvez venir chez moi si vous voulez...
Je sentis à sa voix qu'il lui était douloureux de parler. Un silence dura quelques secondes. Je sentis que les filles hésitaient.
                    Tu seras là, toi ? Me demanda Fanta.
                    Heu.. Logiquement oui, pourquoi ?
                    'Azi, moi je serai 'al, dit Fanta sans même me répondre.
                    Si Fanta vient moi aussi, ajouta Kimberley.
Scara accepta aussi.
L'atmosphère pesante retomba d'un coup. La voix d'Audrey reprit des couleurs.
                    Chez moi y'a une piscine en plus, vous pourrez amener vos maillots. Et je vais demander à ma mère de faire un repas, et puis je vais acheter un énorme gâteau au chocolat, j'espère que ça vous plaît. Moi j'adore le chocolat.
                    Nan, prends un framboisier plutôt. Dit Fanta, comme si l'on parlait de son anniversaire.
Audrey sourit et accepta.
Je ne dis rien. Au moins la séance d'humiliation d'Audrey avait pris fin.. Pour l'instant.
                    Bon on est devant chez nous là. Je continue par où pour vous accompagner chez vous ?
                    Non c'est bon, on descend ici. Dit Fanta.
                    Bah je peux vous ramener chez vous, ça ne me dérange pas.
                    Nan on te dit que c'est bon, j'ai pas envie que tu saches où on habite après tu vas venir nous harceler là, non merci.
                    .. Hein ? Mais je ..
                    Azi bref, venez on descend. Allez au week-end prochain, papi. Dit Fanta en me faisant un clin d’œil.
Et je garai alors la voiture, espérant de tout mon cœur, que l'anniversaire serait annulé.

1 commentaire:

  1. Plus ce "feuilleton" avance, plus j'ai l'impression qu'on va atteindre le paroxysme de la cruauté chez Fanta et sa bande :)

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