Je ne sais pas combien de temps j'ai passé à penser à toutes ces choses, mais lorsque je suis arrivé dans les gradins, l'échauffement était terminé, et le match allait commencer.
Je tentai de m'asseoir à l'écart du monde, mais les gradins étaient bondés, ce qui me surprit. Voir autant de gens se déplacer pour un match de basket ball féminin était surprenant. Peut-être avaient-elles du talent, et peut-être que je m'étais trompé sur le compte d'Audrey ?
Je m'assis donc à coté de familles, d'adolescents, très enthousiastes à l'idée d'assister au match.
En me retrouvant au milieu de ces gens, je me suis demandé qu'une chose « Merde, qu'est ce que je fous là ?". Mais malgré son attitude avec ses nouvelles amies, ma fille semblait heureuse. Et c'était le principal pour moi. Que ma fille aille bien.
Les équipes entrèrent sur le terrain, et une musique à la mode retentit dans le gymnase.
L'arbitre entra. Les supporters criaient de tous cotés. Je ne comprenais rien, alors je me focalisai sur ma fille et son équipe. J'aperçus, Fanta, fière, s'avancer vers nous, les spectateurs, et hurler des choses d'un air autoritaire. Etant trop loin, je ne compris pas, mais je vis les gens se lever d'un coup, hurlant d'un air enthousiaste. Fanta sembla satisfaite, fit des signes de guerrière et rejoint son équipe.
– Pourquoi vous levez vous ? Demandai-je à un jeune maghrébin assis à ma gauche.
– Parce que Fanta l'a dit, c'est la chef de l'équipe, elle vient toujours chauffer le public avant, elle a dit « Wesh j'entends rien, vous êtes des supporters ou c'est comment ? Levez vous ! », c'est une ouf !
– Et quand elle demande aux gens de se lever, tout le monde s'exécute ?
– Bah ouais pourquoi ?
Étonné par le magnétisme et l'influence que Fanta exerçait sur les gens, je restai muet.
Je la vis donner des instructions à son équipe, qui lui répondit en scandant un chant guerrier, que je ne compris pas, étant donné le brouhaha dans le gymnase puis un coup de sifflet retentit. Le match commença.
J'étais hypnotisé par Fanta, elle était si vive, si féline, d'un coup de hanche, d'un pas sur le coté, elle dérobait le ballon à son adversaire, puis sous l'impulsion d'un bond élégant, elle l'envoyait dans le panier. La foule se levait à chaque fois, l'applaudissant avidement.
La chef de l'équipe adversaire, une imposante noire aux nattes collées, irritée du talent de Fanta, et des gens qui scandaient son nom, arriva brutalement vers elle, et réussit à taper dans le ballon. Fanta sourit, fit un tour sur elle-même, ce qui décontenança son adversaire, et en profita pour reprendre le ballon et marquer un panier à 3 points. La foule exultait. Fanta fit une petite danse, secoua ses hanches et ses fesses d'une façon sexuelle et fit un doigt d'honneur, de son majeur aux deux bagues, à la chef de l'équipe adversaire, qui l'insulta. Fanta, pour seule réponse, garda son majeur levé vers celle ci en continuant sa petite danse. Tout le monde rit de son insolence. Elle était géniale.
Je repris mes esprits et tentai de suivre du regard Audrey. C'était elle ma fille, c'était elle que je devais regarder.
Elle était encore plus timorée sur le terrain que devant le stade tout à l'heure. Elle osait à peine bouger. Personne ne lui faisait de passe, elle était invisible. Soudainement, Scara se tourna vers elle avec le ballon. Ma fille, pleine d'espoir, tendit les mains pour l'attraper, ce qui n'était jamais arrivé depuis le début de la partie. Scara la toisa, et envoya la balle à Fanta, pourtant entourée d'adversaires et beaucoup plus loin qu'Audrey. Par chance, Fanta réussit à attraper le ballon. Elle donna un léger coup de hanche à la chef de l'équipe adversaire pour l'énerver, celle ci l'insulta, et Fanta en profita pour balancer le ballon dans le panier. En plein dans le mille. La chef de l'équipe adversaire était folle de rage. Fanta esquissa un nouveau pas de danse, et envoya de la main un bisou à son ennemie.
Les gens éclatèrent de rire. J'entendis plusieurs personnes dirent d'elle, qu'elle était trop fraîche, trop dar. Et je me demandais alors si dar venait de daron. Mais dans ce cas là, ça n'aurait aucun sens.
Je jetai un regard sur ma fille, elle était seule. Cela me fit de la peine, même si elle semblait contente de jouer avec ces filles.
J'aimais voir Fanta courir, car elle était si rapide, que ses vêtements moulaient son corps et l'on pouvait deviner sous son tee shirt le galbe de ses petits seins ronds et fermes, la fermeté de son ventre. Elle était superbe. Je n'avais jamais connu des filles de ce genre là. Je me disais qu'on pouvait dire ce qu'on voulait sur les noires, mais elles étaient quand même mieux faites que les blanches. Puis j'eus honte de ma réflexion. Merde, Jean-Pierre on parle d'une lycéenne.
Soudain, je vis Fanta s'avancer vers ma fille d'un air menaçant. Elle semblait énervée. Elle lui parlait violemment. Ma fille baissait les yeux et hochait la tete, elle approuvait ce qu'elle disait. Ce n'eut pas l'air de suffire car Fanta la poussa violemment. Je réussis à entendre des bribes de phrases « Mais réveille toi wesh » « T'es trop nulle » « C'est grâce à moi si tu joues, me fais pas honte putain », « Qu'est ce que les autres vont dire, impose toi je sais pas, fais quelque chose au lieu de rester comme une trisomique », « Tu pues la merde, j'ai juré ! » « Putain de loss, va ! »
Je fus d'abord choqué par la violence de ces propos, mais elle avait tout de même raison. Audrey ne se défendait pas, elle restait planter comme un poteau sur le terrain. Il fallait qu'elle apprenne à s'imposer, à se battre, à s'affirmer. Fanta le disait de façon cash, certes, mais peut être que c'était ce qu'il fallait pour que ma fille se prenne en main. Elle le faisait pour son bien je le sais bien. C'était une sorte de mentor, pour le basket, mais aussi certainement pour la vie. À sa manière, un peu brusque certes, mais pour le bien d'Audrey quand même.
Fasciné par Fanta, je ne la quittai pas du regard, soudainement, elle tourna son visage vers moi, et nos regards se croisèrent. Je ne sus pourquoi, mais je rougis aussitôt. Et me sentant rougir, je rougis d'avantage de rougir parce qu'une jeune fille me regardait. Elle sourit narquoisement.
Brusquement, on lui fit une passe, elle l'attrapa adroitement et l'envoya... à Audrey. Celle ci eut l'air étonnamment ébahie, comme moi et tout le public d'ailleurs, qui sembla enfin se rendre compte de sa présence. Elle eut tellement l'habitude depuis le début du match de ne rien faire, qu'elle fut prise au dépourvue quand la balle lui fut envoyée. Elle n'eut pas le réflexe de l'attraper, et le ballon fit un bruit sourd en percutant son front. Elle tomba par terre.
Aucune de fille de son équipe n'alla voir si elle allait bien. Fanta, folle de rage, se dirigea vers le ballon, le prit, et insulta vivement Audrey.
« Putain mais tu pues la merde, c'est une dinguerie ! », les autres filles, des deux équipes toisèrent et se moquèrent d'Audrey.
J'eus mal de voir ma fille, humiliée devant tout ce monde.
Elle était blême, d'un blanc spectral. L'arbitre lui fit signe de se relever rapidement pour que la partie puisse continuer. Un bref instant, je crus apercevoir Fanta me faire un clin d’œil.
Encore sonnée par le coup, Audrey eut du mal à se relever tant elle chancelait. Personne ne vint l'aider. Finalement, la partie continua quelques minutes, et l'équipe de ma fille en sortit victorieuse.
Loin de jouer une attitude fair-play et modeste, Fanta et son équipe humilièrent verbalement l'équipe adverse. J'aperçus même Scara faire tomber à terre une membre de cette dernière.
Fanta, d'un geste sec de la main, demanda aux spectateurs en liesse de se taire. Dans les gradins de l'équipe, tout le monde se tut. Fanta pointa du doigt la chef de l'équipe adversaire, et hurla ceci « Foutez le camp ! Foutez le camp », ses coéquipièrent l'imitèrent, Audrey fut celle qui y mis le plus de zèle. Puis d'un effet boule de neige, tous les gradins se joignirent à elles. Et tout le stade ordonna en chœur à l'équipe adverse de foutre le camp. Certains lui lancèrent des détritus et l'insultèrent. Je vis quelques filles éclater en sanglots, d'autres rouges de honte, quoi qu'il en soit elles déguerpirent rapidement du terrain, sous les applaudissements et les cris de guerrière de Fanta et du reste...
Cela faisait maintenant 30 minutes que j'attendais que ma fille sorte du stade pour la ramener. Mais loin de penser à ce que j'attendais depuis le début de la journée : pouvoir végéter tranquillement le reste de la journée, je repensais au charisme de Fanta qui d'un geste, d'une parole, galvanisait des dizaines de personnes. C'était dingue.
Brusquement, je vis Audrey sortir du stade en courant, radieuse.
– C'est bon, on y va ? Lui demandai-je alors qu'elle était arrivée devant moi.
– Heu oui, mais.. on peut ramener Kimber, Scara et Fanta chez elles ? Dit-elle en désignant ses 3 « amies », s'avançant vers nous.
– … Ce n'est pas ce qui était convenu, Audrey.
Sa mine radieuse se décomposa. Ses joues étaient devenues aussi rouges que sa blessure au front. Elle était furieuse.
– Mais tu peux pas me faire ça ! T'as bien dit que fallait que je m'y fasse à tout ça, et maintenant que je me fais des amies, tu refuses qu'elles et moi, on se lie d'amitié !
– Mais de quoi tu parles ? C'est pas parce que ton père refuse de leur servir de chauffeur, qu'elles ne vont plus te parler. Et d'abord, elles faisaient comment pour rentrer, quand elles ne te connaissaient pas ? Allez monte dans la voiture, je vais pas parler 20 ans.
– Non mais... Le truc c'est que je leur ai promis que t'allais accepter de les raccompagner.
– Et qu'est ce que tu veux que ça me fasse ? La prochaine fois, tu m'en parles avant, c'est tout. Avant de m'embarquer dans des histoires farfelues. Non mais on est où là ?
Son visage s'assombrit, et je crus qu'elle fut sur le point de pleurer. Je fus embarrassé et triste pour elle. Elle avait déjà été assez humiliée aujourd'hui, je n'allais quand même pas en rajouter.
– Bon ok. Tu les appelles rapidement, j'ai pas que ça à faire.
Elle sauta de joie et m'embrassa sur la joue.
Coool trop bien la serie Ghettoyouths.
RépondreSupprimerJe sens que tout ça va irrémédiablement se compliquer :)
RépondreSupprimerhaha Je connais un père de famille qui va avoir des fin de mois difficile !! :D
RépondreSupprimerJ'attends avec impatience la suite...
RépondreSupprimerQUANTUM BINARY SIGNALS
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