– Voilà, nous sommes arrivés. Lui dis-je comme si je n'avais pas entendu la remarque de la jeune fille devant le stade.
Littéralement blanche de honte, Audrey défit sa ceinture de sécurité et sortit de la voiture les yeux rivés vers le sol.
– We, We', Wesh' Audrey, c'est quoi les bails ? Dit une fille du groupe, une petite métisse à la poitrine démesurément grosse.
– Putain, c'est ta voiture, aight, tu te mets bien. T'es riche en fait. La première fois que je t'ai vu je croyais t'étais une clocharde. Dit la fille qui m'avait interpellé.
Choqué de la remarque, je m'attendais à ce que ma fille réplique, mais au contraire, elle rit en chœur avec le petit groupe.
Peut-être qu'il était dans leur habitude de s'envoyer des piques. J'avais plusieurs fois entendu des jeunes se dire « bâtard » ou « fils de pute », avec amitié. Je n'eus pas l'envie de la défendre, ayant peur qu'elle perde le respect que ses camarades portaient envers elle.
– T'es trop forte, Fanta, dit ma fille à la fille l'ayant traitée de clocharde.
Cette attitude lèche-botte me déplut fortement, mais encore une fois je n'intervins pas.
– C'est ton daron ? Demanda Fanta en me fixant.
– Ouais, répondit en soupirant Audrey.
Tout le petit groupe se tourna vers moi, toujours dans la voiture, pour me dévisager, avec, il me semblait, une pointe de mépris.
– Ça va, il fait jeune quand même, dit Fanta.
Ma fille reprit d'un coup des couleurs et me sourit. Comme si le fait que Fanta m'ait fait un compliment, m'avait aussitôt rendu présentable.
– Kimberley, envoie le paquet, ordonna Fanta à la petite métisse aux gros seins.
Étonné, je la vis sortir d'entre sa poitrine un paquet de cigarettes et l'envoyer à Fanta.
– Tema où elle met son paquet là-celle, entre ses gros 'eins, dit en riant une fille en jogging adidas.
– J'ai pas de poches, répondit-elle simplement d'un air coquin.
– Putain, regardez comment il matte ses 'eins, le père d'Audrey, il a faim, wallah.
Tous les gens devant le stade éclatèrent de rire. Ma fille rougit et me foudroya du regard.
– Mais absolument pas ! La poitrine de mademoiselle m'indiffère !
– Allez allez, dit Fanta en inspirant une bouffée de nicotine.
Elle portait un mini short en jean, exagérément déchiré, aussi court qu'une culotte moulante, laissant deviner le galbe parfait de ses fesses. Son haut, était le tee shirt de l'équipe de Basket Ball orange et violet, elle avait si bien replié les courtes manches sur elles-mêmes, qu'elle semblait avoir un débardeur. Tous ces doigts étaient entourés de bagues en argent, le majeur de la main droite en avait 2, une argentée et une dorée. Ses poignets étaient ensevelis sous une foule de bracelets, en perles, en métaux, qui cliquetaient lorsqu'elle portait sa cigarette à sa bouche, en me toisant. Elle portait des sneakers, des nike free run 2 bleu pastel et gris clair, aux lacets roses bonbons, et une besace en cuir marron clair, en piteux état. Ses jambes étaient fines, mais athlétiques, sa peau brune, imberbe semblaient étonnamment douce, la folle envie de les toucher me traversa l'esprit quelques secondes puis je repris mes esprits. On parlait d'une lycéenne d’à peine 19 ans, quand même. Merde, reprend- toi Jean-Pierre.
Elle avait entouré ses yeux de khol noir, à l'égyptienne, et sur sa bouche il y avait du gloss rose foncé. Sa coiffure était de longues nattes brunes attachées en un haut et énorme chignon.
Son allure et son attitude contrastaient avec ma fille à ses cotés. Audrey portait le tee shirt et le short de son équipe, correctement, des nike dunk bleue, pas de maquillage, ses cheveux châtains attachés en queue de cheval, l'air timide et timoré.
– Tu t'appelles comment ? Me demanda Kimberley.
Hésitant à lui parler, de peur que l'on me reproche injustement une seconde fois de reluquer sa poitrine, je restai silencieux plusieurs secondes. Elle portait un débardeur rose bonbon, trop petit pour elle, mais je la soupçonnais d'avoir fait exprès d'en prendre un plus petit, afin de faire ressortir davantage son énorme poitrine, un legging noir laissant deviner ses petites jambes potelées mais fermes, sur lequel était écrit au niveau des fesses « Swagg » en tag, rose et orange, et des ballerines blanche, affichant à leur pointe le visage d'Hello Kitty. Elle portait un fond de teint une teinte plus foncée que sa vraie couleur, du gloss rose claire, et du crayon bleue pastel en dessous de ses yeux. Son nez était court mais plutôt large, ses yeux petits, elle portait des lentilles bleues turquoise, sa bouche pulpeuse. Ses cheveux étaient longs et bruns, sa frange lui arrivait sur les sourcils.
– Wesh ton daron c'est un autiste ou quoi ? Demanda Kimberley, visiblement agacée, à Audrey.
Je crus comprendre que « daron » signifiait « père ». La remarque me vexa et l'attitude d'Audrey, encore plus.
– Mais putain réponds papa, fais pas ton autiste ! Cria t-elle énervée.
Les filles rirent, ma fille sembla satisfaite comme si leurs rires à sa « vanne » légitimaient sa présence au sein du groupe. Mais aux regards des filles je compris rapidement qu'elles ne riaient pas avec ma fille, mais de ma fille, elles riaient de son attitude de lèche-botte. Je fus mal à l'aise.
J'aurais voulu descendre de ma voiture, les remettre à leur place rapidement, mais ça n'aurait fait qu'empirer la situation de ma fille, qui m'en aurait voulu toute sa vie. Je décidai d'agir au mieux pour elle.
– Non je ne suis pas autiste, j'étais juste dans mes pensées. Je m'appelle Jean-Pierre, et vous ?
Kimberley ne me répondit pas.
– Putain, Jean-Pierre le vrai nom de babtou. Dit-elle en soupirant.
Le petit groupe, dont Audrey, rit.
– Il a une tête de loss, et une voiture fraîche, on peut faire quelque chose de lui je crois, dit à Fanta la fille en jogging adidas.
Je ne compris pas ce qu'elle voulut dire, mais Fanta éclata de rire.
– T'es une ouf Scara, wallah ! Dit-elle.
Scara portait le bas d'un survêtement adidas noir, aux bandes multicolores et un tee shirt « Dump Fresh » tigré rose bonbon et noir, sur sa taille, elle portait une sorte de bracelet de hanche bleu en perles appelé « bin bin », elle avait une volumineuse chevelure bouclée noire, dans laquelle elle avait placée une énorme barette nœud papillon rose fuschia, et elle portait des stan smith roses pales.
– Bon, il est l'heure, l'échauffement va commencer. Dit Fanta.
D'un seul homme, le petit groupe se dirigea vers le stade.
J'en profitai pour aller me garer.
J'étais chamboulé. Il y avait tellement de sentiments, de réflexions qui virevoltaient, se percutaient dans mon esprit, que je ne réussis à m’attarder sur aucun d'entre eux.
Je repensais à la vulgarité et la sensualité de ces jeunes filles, puis tout de suite après à l'attitude pathétique de ma fille, puis à l'énorme poitrine de Kimberley, et à la beauté hypnotisante de Fanta son nez retroussé, ses grands yeux en amandes noir, puis à ce qu'il se serait passé si j'avais écouté ma fille, si j'avais pris sur moi, et m'étais arrêté 50 mètres avant le stade, puis à la façon méprisante avec laquelle elles me parlaient à moi et Audrey, puis au sentiment de pitié et de révolte que j'éprouvais envers ma fille, puis je me demandais si je n'avais pas raté quelque chose dans son éducation, est ce que si j'avais plus passé de temps avec ma famille, j'aurais pu aidé ma fille à devenir quelqu'un de plus fort, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui se fait respecter des autres, puis je repensais à Audrey petite, me disant que j'étais le papa le plus fort du monde, et ce qu'elle était devenue, la déception que je ressentais, et si j'avais su ce qu'elle deviendrait, aurais-je eu envie d'avoir un enfant ? Non non, il faut que je chasse ces idées noires. Elle est ma fille, elle peut encore changer, ce n'est qu'une lycéenne, tous les ados sont ingrats de toute façon, un jour elle se rendra compte du mal qu'elle m'aura fait et me demandera pardon. Et puis je pensais à Fanta et ses copines et à ma femme, je les comparais. Bon dieu, ce qu'elles étaient séduisantes. Arrête ça, Jean-pierre, c'est que des gosses, elles ont l'age de ta fille. Oui, mais elles sont si différentes... Allez, j’arrête, c'est que des gamines.
Je sens que le daron va avoir des problèmes....non?
RépondreSupprimerC'est ce que j'allais dire... Pour l'instant c'est soft :)
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