Le prof en arrivant dans la classe, mit fin au spectacle en tapant sur le tableau. Après quelques protestations, tout le monde se rassit bien calmement.
A peine assise, Fanta me chuchota « T'as les 20e ? ». Je hochai positivement la tête. « 'Azi donne steuplé ». Je sortis les 2 billets rouges de ma poche, assez douloureusement en pensant à mon père, et avant même de les lui tendre, elle les arracha de ma main, et les enfouit dans sa poche. Choqué par son ingratitude, je restai pantois pendant plusieurs minutes. Ce n'eut pas l'air de la choquer.
– Heu.. tu ne comptes pas me remercier ? Lui demandai-je douloureusement.
– Heu.. je l'ai pas déjà fait ? Quand tu m'as dit que t'allais trouver l'argent, je t'ai remercié déjà. C'est bon, faut passer à autre chose maintenant. On va pas en parler 20 ans.
– Oui c'est vrai, excuse moi. Mais 20e c'est pas rien quand même. Enfin, j'arrête d'en parler...
Fanta eut l'air choqué.
– Putain t'es en train de me casser les couilles pour seulement 20e. Calme toi wesh. On dirait c'est toute ta vie. T'es un d'ces crevards en scred.
Sa remarque me fit vraiment mal. Sans compter vendredi dernier, je venais de lui passer 20 euros et elle en parlait comme si c'était une bagatelle. Je pouvais quand même pas lui expliquer tout ce que ces 20 euros représentaient. J'aurais trop peur qu'elle me rit au nez. Ça m'aurait fait vraiment trop mal.
Le reste de la journée, elle m'évita. Elle changea même de place. Quand je m'avançais vers elle, même sans l'intention de lui parler, elle émettait un long tchip qui faisait rire sa bande de potes, et s'en allait le plus loin possible de moi. Je n'avais aucune preuve que ces tchip m'étaient adressés, mais vu les regards moqueurs que ses potes me lançaient, je crois bien qu'ils m'étaient destinés. Je ne comprenais pas. J'avais la gorge nouée de tristesse et de souffrance. J'avais l'impression qu'elle s'était servi de moi. Qu'elle m'avait trahi. Elle était si cruelle. Quand je pense que mon père était affamé à cause d'elle au même moment.
Je sentais ma lèvre inférieure trembler. J'étais à deux doigts de pleurer. Mais fallait que je garde la face, il me restait que ça. Alors j'ai dégluti, avec douleur. Ma gorge était tellement nouée que ça me faisait littéralement mal et j'essayais de penser à autre chose. Mais impossible.
Je devais avoir l'air mal, vu le petit groupe d'élèves que je connaissais pas qui s'était regroupé autour de moi. « ça va pas ? », « T'es malade ? », « Mon gars t'as l'air mal, il t'arrive quoi ? », et je répondais la voix tremblante que tout allait bien. « Mec, t'es sûr que tout va bien ? T'es livide. Quand je suis passé à côté de toi, j'ai crû voir un fantôme. Sans déconner. » C'était la première fois que des élèves s'intéressaient à moi, mais j'étais bien trop mal pour que ça me fasse quelque chose. J'avais juste envie qu'ils dégagent. Je voulais pas qu'on me voit comme ça.
Fanta passa à côté. Lorsqu'elle me vit au milieu de l'attroupement, elle me fixa. Elle semblait choquée.
– Putain j'y crois pas. Dit-elle assez fort pour que le petit groupe qui s'agglutinait autour de moi l'entendent.
– Qu'est ce qu'il y a ? Tu sais ce qu'il a ? Demanda une fille trapue à côté de moi.
Fanta, toujours en me fixant, eut l'air de ressentir le plus profond mépris du monde.
– Bien sûr que je sais. Et putain rien que d'y penser je suis choquée. Franchement de ma vie, j'ai connu beaucoup de pinces, mais là ! Ah nan. Non wallah, c'est grave.
Je ne comprenais pas. Les autres élèves l'interrogèrent du regard.
– Ce week end, je lui ai demandé de me passer 20euros, parce que je devais acheter un délire à Alvin pour son anniversaire, et il me manquait 20e. Le boug il a accepté. Je l'ai remercié. Normal. Et ce matin il m'a bien donné les thunes. Et depuis qu'il m'a donné les thunes, crari il fait le boug malade, qui se sent mal, ce matin pendant une heure il m'a parlé des 20 euros comme si c'était un bête de truc. Ça m'a dégoûté wallah. Si tu veux pas donner d'argent, t'en donne pas, va pas en donner pour ensuite soûler les gens as kom mon gars.
Tout le petit groupe se retourna vers moi, avec mépris. « Putain c'est quoi ce boloss ? », « Wesh t'es juif ou quoi ? » « Quand je pense que j'étais en train de te consoler.. Vas y crève ! ». Un élève d'une stature imposante s'avança vers moi et me bouscula violemment contre le mur. Involontairement, je laissais échapper une plainte de douleur. Mes omoplates avaient violemment claqué contre le mur. J'aurais pu essayer de leur dire la vérité, mais ma gorge était trop nouée. Plusieurs élèves, dont Fanta dans le couloir éclatèrent de rire. Certains, à cause du bruit que mon dos avait fait en claquant contre le mur, eurent l'air effrayés. Mais ils ne firent rien. Des larmes s'échappèrent de mes yeux.
Que les gens pensent que j'étais une pince alors que j'avais donné toutes mes économies à Fanta, c'était pas grave. Qu'un élève m'ait violemment poussé contre le mur, c'était pas grave. Que mes omoplates me fassent affreusement mal parce que j'avais déjà subi plusieurs opérations à ce niveau là, c'était pas grave. Que des élèves se moquent de moi, c'était pas grave. Qu'on m'humilie et qu'on me méprise, c'était pas grave. Mais que Fanta m'ait menti, qu'elle ait utilisé l'argent de mon père pour un cadeau pour Alvin, que mon père s'affame pour un connard qui n'en avait rien à foutre de lui, ça c'était grave.
Je ne pleurai pas, mais je sentais des larmes couler de mes yeux. Ce qui m'empêchai de bien voir, mais je réussis quand même à trouver la salle de classe dans laquelle se passait mon prochain cours. Comme ça n'avait pas encore sonné, il ne se trouvait que le prof. Mr Julliani. J'essuyais rapidement mes yeux en entrant dans la classe. En me voyant, il m'interpella.
– T'as une justification j'espère ?
Je ne compris pas.
– Pardon, monsieur ? Une justification pour quoi ?
– Eh bien pour ton absence de vendredi aussi peut-être ?
Fanta m'avait encore menti ce jour là. J'avais séché le contrôle physique chimie que j'attendais tant pour me faire humilier à Belleville. Mon morale était déjà tellement bas que cette nouvelle ne me fit pas vraiment mal.
– Je suis désolé, je me suis senti vraiment mal l'après-midi, je vous le jure, dis-je faiblement, la voix nouée.
– Moi aussi je suis désolé. C'est vraiment pas sérieux. Il me semble que tu veuilles aller en S. Sans une bonne note en physique chimie, il est hors de question qu'on te laisse passer, tu le sais ? Si tu n'as pas de justification, je serais dans l'obligation de te mettre un 0. Et je ne crois pas que je vais refaire de contrôle ce trimestre... Je suis désolé.
C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. J'éclatai en sanglots. Je ne pouvais pas me permettre de redoubler, non vraiment je ne pouvais pas.
– Monsieur, je vous en supplie, dis je toujours en pleurant la voix tremblante et douloureuse, je vous en supplie, ne me faîtes pas ça, il faut que je passe en S, je ferais tout ce que vous voulez, donnez moi tous les contrôles que vous voudrez, je ne veux pas redoubler, je ne peuxpas redoubler, Monsieur. Vous savez mon père, il...
Ma voix se brisa.
Mr Julliani eut l'air d'avoir pitié de moi. Il mit sa main sur mon épaule.
– Je ne peux pas faire grand chose, fiston. Je ne peux pas faire du favoritisme. J'aurais les élèves puis les profs sur le dos, c'est hors de question. Si tu me trouves une justification je pourrais ne pas te mettre de 0.
Je continuai de pleurer. Une justification ? Comment pouvais-je en trouver une ? Je ne pouvais pas dire à mon père que j'avais séché, je ne pouvais pas non plus aller chez le médecin pour qu'il me fasse une fausse justification. 21 euros, c'était bien trop cher.
Tout d'un coup, j'eus du mal à respirer. Mon esprit était confus. Je me sentais oppressé. Il fallait que je sorte. Que je m'en aille de ce lycée de merde. Fallait que je respire. Le professeur, me demanda plusieurs fois si ça allait, je ne répondis pas. Et d'un coup brusque, je m'en allai du lycée en courant. Fallait que je rentre chez moi.
Arrivé chez moi, je me jetai sur mon lit. Je ne pleurai plus. J'étais trop mal pour pleurer. Je me mis en position fœtale, et en me retournant j'aperçus l'effroyable, l'atroce, le terrible visage d'un fantôme. « Mon dieu » hurlai-je en sursautant. Ce n'était pas un fantôme. C'était mon reflet dans un miroir. Je ne me reconnaissais plus. J'étais blême comme la mort. La racine de mes cheveux étaient moite, des perles de sueur coulaient le long de ma tempe gauche, ma bouche était figée en un rictus de douleur, le contour de mes yeux étaient rougeâtres à force d'avoir voulu sécher mon visage avec mes mains. Mon cœur battait tellement fort que je l'entendais. J'étais encore choqué de mon apparition dans le miroir. Je m'assis sur mon lit, toujours sous le choc. Je n'avais plus la notion du temps. Je n'arrivais plus à réfléchir. Tout d'un coup mon téléphone vibra. C'était Fanta. En regardant le cadran, j'ai vu qu'il était déjà 20h13. J'étais resté assis, figé sur mon lit, pendant plus de 4 heures. A la vue de son nom, je sentis mon cœur se remplir de haine. Qu'elle aille se faire foutre. Mon téléphone arrêta de vibrer... Pour revibrer encore 4 secondes plus tard. Je m'assis par terre, pris mon oreiller et enfouit ma tête dedans. Je n'en pouvais plus. Mais je ne raccrochais pas parce que je ne voulais pas qu'elle sache que j'entendais mon portable vibrer. Fanta m'appela encore une dizaine de fois. A la onzième, je décidai de raccrocher le téléphone. Elle savait que je refusais de lui parler ? Eh bien tant pis. 1 minute plus tard, mon téléphone émit seulement 2 vibrations. J'avais reçu un message. Je me décidai à le lire. « JTEN SUPPLI DECROCHE, AIDE MOI, JE SUIS DESOLE PR TT A LEURE MAIS PUTAIN FO QUE TU MAIDE JE TEN SUPPLI ».
Malgré tout le mal qu'elle m'avait fait, je pris peur pour elle. Que se passait-il ? Et si c'était vraiment grave, et qu'elle était en danger. Et si je ne faisais rien, et qu'elle mourrait par ma faute, est ce que je pourrais vivre avec ? Elle avait quand même été sympa et douce avec moi quelques fois, même si elle avait été une vraie salope à certains moments. Que faire ? Et si c'était un piège ?
Mon téléphone vibra. Elle m'appelait encore. Après une longue hésitation d'une minute, je décidai de décrocher.
– Allô ? Demandai-je.
A l'autre bout du fil, j'entendais des pleurs.
– Allô ? Repris-je.
– Je t'en supplie faut que tu viennes m'aider, dit en pleurant Fanta paniquée, il faut que tu viennes chez moi, mon père me frappe, et personne arrive à le raisonner, là je suis cachée dans ma chambre, c'est à cause de vendredi, mon père a appris que j'avais séché, il m'a frappé avec une ceinture et il me donne des coups de poing dans le ventre et au visage, je t'en supplie aide moi !
Elle avait l'air tétanisée. Ce qui m’inquiéta énormément. Si je ne faisais rien elle pouvait se retrouver hospitalisée, fallait que je fasse quelque chose. Je sais pas quoi, mais fallait que je fasse quelque chose.
– Où habites-tu ? J'arrive ! Demandai-je, la voix un peu plus paniquée que je ne l'aurais voulu.
– Au 180 Boulevard Saint Germain, dit-elle entre deux sanglots.
Bien sûr, j'ai changé l'adresse pour que vous ne puissiez pas la retrouver, mais l'appartement se trouvait dans ces environs.
– Quoi ? Tu n'habites plus à Strasbourg Saint Denis ?
– C'est une longue histoire, on s'est fait virer de où on n'était parce que ma mère avait plus assez d'argent pour payer le loyer, et mon oncle par alliance est pété de thunes, il nous a prêté cet appart pour nous dépanner. Mais on s'en bat les couilles de ça, viens je t'en supplie.
– D'accord, le code, l'étage ? Dis moi tout, j'arrive vite je te le promets, dis-je la voix toujours aussi paniquée.
– Le code c'est 20 89 A, l'interphone c'est Lyon, 5eme étage, porte à gauche.
Je notai tout sur un papier.
– D'accord ! J'arrive !
Toujours en pleurant, elle me remercia 4 fois d'affilé puis raccrocha. Sans perdre temps, je regardai sur le site Mappy l'itinéraire pour aller de République à chez elle. Notai le tout sur un papier, enfilai un pull, puis m'en allai en courant. Comme je n'avais pas d'argent, j'ai même dû frauder. C'était la première fois. Mais je m'en foutais. Tout le long du trajet je n'ai pas réfléchi. Je ne pensais qu'à Fanta, terrorisée dans sa chambre, et à son père qui lui faisait du mal. Il fallait que je fasse quelque chose. Je n'aurais qu'à sonner pour que son père se calme. Ou .. je ne sais pas. Mais il fallait que j'agisse.
Je trouvai rapidement l'adresse, mais fut très surpris. Je me trouvais dans un endroit dans lequel je n'aurais jamais pu imaginer Fanta. Un quartier plutôt bourgeois de Paris, à la population bien blanche et bien calme. En arrivant devant la porte, j'eus peur qu'elle m'ait menti. Mais le code, 20 89 A était correct. En entrant je fus encore surpris. Je me trouvai dans un spacieux hall immaculé, le mur était blanc cassé, les moulures acajou foncé. Le plafond était étonnement haut et l'éclairage tamisé. L'endroit respirait le luxe, je n'avais jamais mis les pieds dans un endroit pareil. Sur la totalité du mur du gauche, il y avait un immense miroir, immaculé. J'étais toujours aussi livide, mais au moins mon rictus avait disparu et je ne transpirais plus. Bon. Je n'avais plus de temps à perdre. La porte qui permettait d'accéder aux escaliers était déjà ouverte, je n'eus pas à interphoner. Je détalai les escaliers jusqu'au 5eme étage, puis sonnai plusieurs fois à la porte de gauche. Vu les bonds que faisait mon cœur, dire que j'étais paniqué était un euphémisme.
La porte s'ouvrit. Je vis Fanta, les yeux humides et l'air paniquée m'ouvrir.
– Vite rentre ! Me dit-elle en me tirant à l'intérieur.
Je n'entendis pas un bruit. Pas de père violent pourchassant Fanta dans la maison. Juste Fanta. Son expression avait changé. Elle me souriait. Elle sortit de sa poche une sucette rouge et la mit dans sa bouche.
– Merci d'être venu.
Je ne comprenais pas.
Je n'avais jamais les pieds dans un appartement pareil. Aussi spacieux. Il devait faire plus de 150 mètres carré. Les murs étaient recouverts de boiserie marron clair, style 18eme siècle. Ce qu'on voit dans les livres d'histoire et dans les châteaux. Le parquet de la même couleur que les boiseries avait été soigneusement ciré. Il n'y avait pratiquement rien. Je me trouvais dans un couloir immense dans lequel se trouvait uniquement une immense bibliothèque et un piano à queue, et devant moi, une immense arche servait d'entrée à ce qui semblait être le salon. S'y trouvaient de rares meubles élégants, un repose-pied en cuir marron, les pieds en bois auburn. Un gros canapé en cuir se trouvait devant une alcôve dans laquelle se trouvait une cheminée. Les fenêtres étaient immenses. Il y avait une magnifique banquette en cuir matelassé vert foncé et une petite table sur laquelle se trouvait un portefeuille en cuir rouge Hermès ouvert dans lequel j’apercevais des dizaines de billets verts. Tout d'un coup j'entendis des talons claqués rapidement sur le sol. Ils s'avançaient vers moi et Fanta. J'aperçus au fond du couloir une fille. Elle portait un long peignoir rouge en soie qui voletait derrière elle, il était ouvert. Elle portait en dessous une mini robe bustier noire extra moulante et des escarpins en cuir noir Miu Miu. Les talons devaient faire 10 centimètres. Ses cheveux bruns descendaient jusqu'en dessous de sa petite poitrine ronde. Ses grands yeux clairs que faisait ressortir sa peau caramel me fixait avec mépris. Je la reconnus. C'était la sœur d'Alvin.
– Il est venu finalement ? Quel crétin, dit-elle en me toisant.
– Je t'avais dit qu'il me fallait pas plus d'une semaine pour qu'il fasse ce que je dis, il est trop en kiff sur moi.
La sœur d'Alvin réfléchit un peu puis eut l'air impressionnée.
– C'est vrai, bien joué. Je savais que t'allais réussir, mais en si peu de temps, c'est quand même fou.
Mais de quoi parlaient-elles ? J'avais peur de comprendre.
La sœur d'Alvin se dirigea dans le salon. Fanta aussi et me fit signe de la suivre en souriant amicalement. La situation m'énerva.
– Bon. J'ai pas tout bien saisi, mais ce que je sais c'est que tu t'es encore foutu de moi. J'ai galopé comme un dingue pour venir te protéger. Mais en fait c'était que du vent. J'ai peut-être été con de croire que y'avait du bon en toi. Mais là j'ai bien compris la leçon. C'est bon, ça me soûle, je me casse. Dis-je la voix nouée par la colère.
Il y a 3 heures je n'aurais jamais pensé pouvoir un jour lui parler de cette manière, mais là j'étais vraiment à bout de nerf.
Un nuage assombrit son regard et son sourire chaleureux s'évanouit.
Elle m'attrapa par la gorge. Je suffoquai. Le changement d'atmosphère s'était passé si vite que ma vue se brouilla. Mon cerveau n'avait pas encore compris les événements. Elle serra fort.
– Mais sale fils de pute, tu crois parler à qui ?
J'essayais de m'excuser, mais elle comprimait mes cordes vocales. Je ne réussissais qu'à émettre d'inquiétants râles. J'avais l'atroce et douloureuse impression que mes poumons allaient imploser. Elle serra encore plus fort. Je sentis mes yeux s'embuer. La sœur d'Alvin éclata d'un rire de garce. Aigu et puissant. Mon dieu, j'avais si mal.
Tout d'un coup la porte sonna. Fanta me lâcha. « J'en ai pas fini avec toi. C'est que le début là. » me dit-elle l'air sadique. Je me laissa tomber à terre, suffoquant. Je respirai avec difficultés et douleur. Fanta alla ouvrir la porte. Alvin, Scara et Zaza.
Alvin embrassa avidement la bouche de Fanta et me toisa.
– Putain t'avais promis de pas commencer sans nous, dit-il l'air agacé à Fanta.
– Je vous ai attendu mais il a commencé à mal parler.
– Il a dit quoi ?
– Crari que il était venu pour me protéger que je l'avais douillé, et qu'il se cassait. Mais ce qui m'a tué c'est quand il a dit « je suis venu pour te protéger ». Mais gars tu crois vraiment que si j'avais besoin d'aide, j'aurais appelé une baltringue au corps de lâche comme oit ? Mais t'es un ouf toi wallah !
Ils éclatèrent tous les 6 de rire. Je commençai à avoir peur.
– Bon laissez moi partir, suppliai-je.
– C'est mort, dit Alvin en souriant, on a plein de trucs à régler toi et moi.
Il portait une espèce de slim noir descendu en dessous de ses fesses, un tee shirt blanc, un sac à dos louis vuitton marron, et des air jordan 4. Il avait plusieurs bagues en argent.
– Putain c'est classe ici wallah, dit Zaza ébahi par le luxe de l'appart.
– Ouais, c'est le gars chez qui j'ai fait un stage y'a 3 mois qui me paie l'appart. J'ai emménagé avant hier. D'ailleurs faut que j'aille le retrouver là, dit-elle en empoignant le portefeuille Hermès et enlevant son peignoir en soie rouge. J'aurais aimé m'amuser avec ton loss, mais il me faut de nouvelles chaussures et du maquillage ! Amusez vous bien ! Dit elle avec un sourire malicieux.
– Elle se met bien ta sœur, dit Zaza admirative à Alvin.
– C'est de famille, dit-il en souriant.
– Bon on commence ou quoi ? Dit Scara
Alvin hocha la tête et m'attrapa violemment par les cheveux. Je sentis une touffe de cheveux s'arracher sous sa poigne, ce qui me fit affreusement mal.
– Azi lève toi maintenant. Je frappe pas à un homme à terre. On a des affaires à régler toi et moi, t'es au courant ? Me demanda t-il.
– Putain mais laissez moi partir ! Dis-je affolé.
Le visage d'Alvin se décomposa, il était furieux. Je pris peur et instinctivement je reculai. Il m'attrapa par le col avec sa main gauche.
– Quand je te pose une question, tu réponds. Tu crois je suis ton père pour me parler mal comme ça ? Tu crois que je vais laisser une baltringue comme toi me parler mal comme ça ? T'es fatigué de vivre ou quoi ?
Je le vis serrer son poing droit. Mon cœur battait à 100 à l'heure. Ma gorge se noua.
– Non pitié, laisse moi partir, dis je en sanglotant.
Éclats de rire des filles.
– Vas-y défonce le, dit Fanta excitée par la situation.
Alvin m'asséna une droite sur la tempe. Tellement puissante que pendant plusieurs secondes, je crûs n'avoir rien senti. Je sentis simplement mon oreille gauche bourdonner, et ma vue se brouiller.
– Enchaîne le ! Cria Scara enthousiaste.
Son deuxième coup de poing m'envoya à terre. Mon crâne buta sur le sol. J'entendis des exclamations et des rires.
C'était comme si on avait enfoncé sur la totalité mon crâne des aiguilles. J'étais tétanisé de douleur. Brusquement je vis le monde en rouge, du sang coulait sur mes yeux et se mélangeait à mes larmes.
Je parvins tout de même à voir Fanta, elle exultait. Alvin, excité par l'adrénaline que lui procurait mon lynchage, serrait ses deux poings. Les veines de son bras ressortaient comme les nervures d'une feuille. Un large sourire fendait son visage. Je le vis soulever sa jambe, il comptait l'envoyer avec force dans mon ventre, je fermai les yeux priant au fond de moi pour que l'un d'entre eux prenne conscience de la cruauté du lynchage qu'ils m'infligeaient et me vienne en aide. Je contractai mon ventre, me préparant à son coup de pied, quand on m'envoya un coup violent dans le crâne. Je laissai échapper une plainte de douleur. Du sang coula encore sur mes yeux. Mon dieu, j'avais tellement mal. Je réussis à entrouvrir les yeux et aperçus Zaza, elle avait devancé Alvin et m'avait donné un coup de pied dans la tête. Scara eut l'air un peu dégoûtée.
– T'as entendu le bruit que ça a fait ? Faut plus le frapper dans la tête, imagine il crève après ? Enfin je m'en bats les couilles, mais je veux pas avoir de problèmes tahu.
Fanta et Alvin hochèrent la tête.
Zaza souleva son pied au dessus de mon entre jambe, et le fit tomber avec violence sur mes parties. Je ne pus réprimer un hurlement.
– Et ça je peux ? Demanda t-elle en riant.
– Ouais ça tu peux ouais ! Dit Zaza en gloussant.
La douleur me paralysa. Elle se propagea dans mon bas ventre. J'avais l'impression qu'on venait de me castrer.
– Mon dieu, je vous en supplie, dis je en pleurant, laissez moi. S'il vous plaît.
Zaza pour toute réponse, piétina mes parties, ce qui me fit hurler de douleur.
Fanta s'avança, elle me regarda avec peine. Je priai dieu avec force pour qu'elle me vienne en aide. Elle poussa doucement Zaza. Cette dernière enleva son pied. Merci mon dieu, merci.
– ça va ? Me demanda Fanta.
J'éclatai en sanglots.
– Pourquoi vous me faîtes ça ? Pourquoi ? S'il te plaît, laisse moi partir je ne dirai rien, je te le jure. Je te le promets, je t'en supplie, laisse moi partir.
Fanta me sourit faiblement.
– Tu le mérites. Dit-elle simplement.
Tous mes espoirs s'envolèrent. Allais-je mourir ? Ma gorge se noua si bien que je ne pus lui demander pourquoi je méritai une telle violence. Mais elle comprit.
– Tu le mérites parce que t'es un loss, que tu pues la merde, que tu sers à rien. On a envie de te faire du mal c'est tout. Je peux pas l'expliquer, me dit-elle en souriant. Vas-y ouvre la bouche.
Je pleurai et n'ouvrit pas la bouche.
Elle appuya sur un coin de ma tête qui devait être ouvert puisque du sang gicla sur les yeux. Je criai de douleur.
– J'ai dit, ouvre la bouche. Je répéterai pas une troisième fois.
J'ouvris donc la bouche, tétanisé.
Elle avança son visage comme si elle allait m'embrasser. Je ne compris pas ce qui se passait et j'eus peur. Puis arrivé à 1 centimètre de ma bouche, elle renifla, se râcla la gorge. J'entendis la glaire sortir du fond de sa bouche et couler, elle ouvrit la bouche en un petit « O », et laissa couler la substance visqueuse et rouge dans la mienne.
– Avale même pas, m'ordonna t-elle.
Je sentais sa glaire visqueuse à la fraise au fond de ma gorge.
– Scara, crache aussi. Et vous deux aussi Ordonna t-elle à ces derniers.
Scara se pencha vers moi.
– T'as de la chance, j'ai un rhume en ce moment, tu vas te régaler dit-elle.
L'idée me sembla vomitive. Je réprimai un haut le cœur.
Scara renifla plusieurs fois bruyamment, se racla la gorge d'une façon dégoûtante, et me cracha dans la bouche. Sa glaire était tellement grosse, qu'une partie alla sur ma lèvre supérieure.
Les autres éclatèrent de rire.
– Attends, j'en ai encore, dit-elle.
Elle racla sa gorge et me cracha sur le visage. Je sentis sa glaire couler sur ma bouche. Elle cracha une nouvelle fois dans ma bouche, une grosse glaire très écumeuse.
Zaza s'approcha à son tour, hilare, et me cracha une répugnante petite glaire dans la bouche, mais très concentrée et très jaune. Alvin se mit à côté de moi, mais ne se pencha pas.
– Et voilà ma touche personnelle. Dit-il en ouvrant sa braguette.
Je rougis de honte. Mon dieu, non. Pas ça. S'il te plaît. Aide moi je t'en supplie.
Alvin baissa son caleçon, et sortit son pénis. Il avait une érection. Son pénis circoncis était affreusement long et large. Les filles eurent l'air impressionnées. Et le spectacle les faisait jubiler.
Alvin pointa son pénis en direction de ma bouche, et un filet doré en sortit. Les filles, dégoûtées mais excitées, éclatèrent de rire. Je sentais l'urine se mélanger aux glaires. Des larmes coulèrent de mes yeux. C'était pas humain de faire subir ça à une personne. Non, c'était pas humain.
– Mets pas tout dans sa bouche wesh, sinon ça va déborder, dit Fanta.
Alvin suivit son ordre et m'aspergea le visage d'urine. Il eut un rire qui m'inquiéta. Puis il aspergea mes vêtements.
Jusqu'où allait aller leur sadisme ? Quand Alvin eut finit, il essuya son pénis dans mes cheveux.
J'étais poisseux, je puais l'urine, et dans ma bouche flottait un mélange de secrétions humaines.
– Maintenant, t'avales. Dit Fanta.
Des larmes jaillirent de mes yeux. Ce qui eut l'air de les exciter d'avantage.
Pas ça, s'il vous plaît.
Fanta ouvrit ma braguette, puis baissa mon pantalon, et mon caleçon. Avec son index et son pouce, elle saisit mon pénis.
Elle éclata d'un rire.
– Wesh regardez, mais regardez ça !!
Elle pleurait de rire. Les autres aussi.
– Mais t'es une meuf en fait ! Dit Alvin. Wesh ça fait même pas 3 centimètres !
– Si tu bois pas, reprit Fanta, tu peux dire adieu à ta vieille spaghetti de merde.
Zaza riait tellement qu'elle s'était mise par terre.
Je pleurai.
Fanta, appuya sur mes testicules déjà endoloris. Je me dépêchai de boire l'affreuse mixture qui remplissait ma bouche. Le goût et l'effet que ça me produisit est indescriptible. C'était insoutenable. Tellement que je vomis le tout, la minute qui suivit.
Ils me regardèrent dégoûtés.
– Vas y tu nettoies. Ordonna Fanta.
– Avec quoi ? Réussis-je à dire, tremblant.
– Avec tes mains, avec ta bouche, je m'en bats les couilles mais tu nettoies.
Je pleurai, paralysé.
– Nan, il est sérieux de pas faire ce que tu dis ? Dit Zaza à Fanta.
– Quand Fanta te dit de faire un truc tu le fais, dit Alvin en me donnant un coup de pied dans le ventre.
Je gémis de douleur. Mais je ne voyais vraiment pas avec quoi je pouvais nettoyer le vomi et pleurai encore.
Alvin saisit encore une fois ma tête et la cogna par terre. Je hurlai. Il secoua ma tête violemment sur le sol de droite à gauche.
Il était en train d'utiliser mes cheveux comme serpillière.
Hilare, Fanta prit son blackberry et filma la scène.
– Faut mettre ça sur facebook, dit Zaza excitée par la scène.
– T'inquiète même pas pour ça, dit Fanta.
Je vomis encore.
Dégoûté, Fanta, toujours en filmant, m'envoya plusieurs coups de pied dans l'abdomen qui me firent hurler.
Je ne pus réprimer un autre haut le cœur et je vomis encore. Il y avait du sang.
Fanta fit une moue déçue.
– Il est en train de mourir ou quoi ton loss ? Dit Zaza goguenarde.
– Chai 'ap, mais vaut mieux s'en débarrasser, dit Fanta.
Alvin et Fanta, dégoûtés, me soulevèrent.
– Il pue sa mère, dirent-ils.
Ils me descendirent par l’ascenseur, puis me déposèrent dans le local à poubelles.
– Vas y, on le laissa là et on bouge, dit Alvin à Fanta.
– Ok.
Arrivés sur le seuil de la porte, Fanta se retourna.
– Attends, faut que je fasse un dernier truc. Ferme la porte.
Elle se dirigea vers moi et porta des dizaines de coups de pieds dans mon ventre. Elle y mettait toute sa rage. Elle se mordait sa lèvre inférieure, l'expression de son visage était diabolique, elle était méconnaissable. Les insultes pleuvaient en même temps. « Sale chien ! Enculé de ta mère ! Je vais te défoncer » Je gémissais de douleur, je pleurai. Quand elle eut fini, je vomis encore. Il y avait énormément de sang. Elle me cracha dessus et m'envoya un coup de pied dans la tête.
Je perdis connaissance.
Quand je me suis réveillé, j'étais à l'hôpital. Mon père à mes côtés était terrassé.
J'ai appris que j'étais resté dans le coma 3 jours. Traumatisme crânien. J'avais plusieurs côtes et le nez cassés.
Je n'ai jamais rien dit à personne de ce qui s'était passé.
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