samedi 16 juin 2012

Rencontre de Christian la Tarlouze avec Son Altesse Memouna


Depuis plusieurs semaines, j'avais été en contact SMS avec Melle Memouna, qui avait eu mon téléphone par un soumis de mes relations, qu'elle martyrisait et exploitait.
Les échanges étaient nombreux et agressifs, toujours écrits en majuscules, imprégnés d'un style qui me faisait comprendre que j'avais affaire à une jeune personne qui n'avait pas l'habitude de prendre de gants avec les larbins qu'elle mettait à sa botte, méprisante et sûre de sa force.
Un peu terrorisé, je répondais à chacun de ses messages (parfois espacés de plusieurs heures, la conversation étalée sur plusieurs jours étant une de ses spécialités apparentes) mais j'évitais de tendre la perche pour une rencontre tant elle m'inspirait de crainte.
En même temps, je vivais dans l'attente de ses réponses, elle avait réussi à me faire penser à elle toute la journée.
 Après plusieurs semaines à ce rythme, je reçois un jour une instruction, je devais être à la gare du RER de chez elle à 5h du matin, il lui faut un chauffeur pour l'emmener à l'aéroport.
J'étais déchiré, que faire ? C'était sûr qu'elle trouverait un larbin, alors, quoi ? Laisser les choses en l'état ou surmonter ma crainte ?
Après une petite tempête cervicale, j'optais pour la seconde option, boum boum dans la poitrine.
Le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'accueillit pas ma proposition avec un débordement de gratitude.
Elle me précisait l'heure (4h30 à la gare) et le lieu.
Elle ne prit pas les précautions d'usage que prennent certaines en faisant confirmer 14 fois que j'y serais bien,  je pense qu'elle avait compris que je ne pourrais pas m'en dédire et elle avait raison.
Je calais donc mon sommeil du jour précédent pour concilier au mieux mes obligations professionnelles avec mon obligation obsessionnelle.
Le jour dit, je prenais évidemment les dispositions pour prévoir 20 minutes d'avance. Les Princesses m'ont habitué à être entre 45 minutes et 2 heures en retard à leurs rendez-vous, mais à ne pas tolérer si je ne suis pas moi en avance.
Il pelait grave ce matin-là.
La gare comportait un très grand parking, je m'y gare et me dirige vers la gare et l'attends. Gare !
Ne l'ayant jamais rencontrée, et ne me renseignant jamais sur l'aspect physique d'une personne que je m'apprête à servir, j'observais pendant 20 minutes toutes les personnes passant, en projetant sa personnalité sur elles. Voilà qui n'était pas pour arranger mon obsession d'elle.
Quand le téléphone a vibré dans ma poche, j'ai vibré 4 fois plus. Lui, c'étaient les ondes, moi, c'était la trouille.
"Où t'es, connard ?"
Ne me voyant pas, elle a dû parcourir la côte du Blanc Mesnil, montant (mmh..) les marches vigoureusement.
C'est là que je l'ai vue
Moi qui essayais depuis 20 mn de me positionner de façon à la voir arriver de loin pour bien sentir la tension monter, elle m'est tombée dessus quasi à l'improviste.
L'obscurité mêlée à la surprise et la peur font que je ne pris guère le temps de la contempler.
Sa fin de montée des marches, son déplacement dans son jean serré, sa chevelure ample et ondulée, ses colliers, ses bracelets...  J'ai compris que j'étais doomed.
Expéditive, elle me demande où est ma voiture, je dis en bas.
Elle me regarde éberluée. Sans dire un mot, je comprends sa pensée : "ben dis donc, sale con, je monte les marches, et tu me dis que la voiture est en bas et qu'il faut redescendre, tu veux ma main dans ta gueule ou quoi ?"
Ca, c'était mes pensées
En fait, elle a dit : "ben dis donc, sale con, je monte les marches, et tu me dis que la voiture est en bas et qu'il faut redescendre, tu veux ma main dans ta gueule ou quoi ?"
Je baisse les yeux, ce qui me permet de me mettre au niveau de ses bottes mi-mollet à talons courts.
Avec l'énergie de sa jeunesse, elle caracole en bas, je la suis, en retrait et arrive alors qu'elle est plantée depuis quelques secondes devant la porte de ma voiture.
Je me précipite pour lui ouvrir, et elle prend possession de sa caisse.
Quelques échanges pour lui permettre de cibler sa victime du jour.
Elle a dû vite détecter la docilité naturelle de son interlocuteur et comprendre qu'elle n’avait pas besoin de forcer.
Un mauvais mot de ma part a été une bonne raison pour qu’elle me décroche une gifle magistrale.
Le froid matinal cinglant avec la gifle rougit ma joue d’une couleur écarlate.
Comme le jour était au voyage, elle a assez vite donné le top départ. Elle cale l’autoradio sur une station plus ancrée à sa génération qu’à la mienne.
Au cours du voyage, ma boule au ventre s'est un peu desserrée, et j'ai pu constater que Memouna savait être agréable aussi quand on fait tout pour la satisfaire.
Il n'y a pas que ça que j'ai pu constater.
Sa beauté aussi, exotique et urbaine, noire et douce, grave et sèche et sa fragrance qui emplit la voiture et mes poumons, épicée, africaine, féminine, un régal dont ma mémoire olfactive n'est toujours pas rassasiée.
Baignant dans cette atmosphère troublante, douce et agressive en même temps, les kilomètres disparaissent peu à peu.
Mon intimité aussi. En quelques minutes elle savait qui j'étais, impossible de rien lui cacher.
Je m'en voulais presque de ne pas lui résister un peu plus pour la faire se fâcher pour de bon, mais, ami lecteur, je te mets au défi de lui résister dans une telle situation. Que celui qui n'a jamais obéi me balance la première mandale (euh, la deuxième en fait, la première, je me l'étais déjà prise de Memouna, histoire de briser la glace).
A l'aéroport, dont elle ne semblait guère familière, je l'aidais un peu pour les démarches, etc.
Comme on était en avance, elle m'envoie acheter de la boisson et du grignotage pour le voyage.
Puis, période d'attente avant l'enregistrement. Elle préfère passer cette attente avec moi dans le hall plutôt que dans la zone voyageur seule. Quel amour !
Bon, là, petite période de gène, car je n'ose guère l'entreprendre et lui poser des questions, bien qu'elle m'û, elle, dépouillé de mon intimité quelques minutes plus tôt dans la voiture.
Elle me dit que mon service jusque là a été plutôt bon, et qu'en principe, elle se resservira pas mal de moi.
Pas le temps de trop me réjouir, elle me fait vite comprendre qu'on ne laisse pas partir une jeune fille comme elle sans vider son portefeuille et je le vide bien entendu.
Au final, une bien agréable rencontre avec une jeune fille au caractère de feu mais qui, sous sa carapace, laisse apparaître tout de même aussi un tempérament chaleureux.

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