samedi 16 février 2013

Humilié injustement par l'Autorité


Une enfance sage à vivre et grandir dans un petit village de la campagne normande n’aide pas vraiment à se rendre compte rapidement des difficultés et des injustices de la vie.

Grâce à des parents prévenants, le petit garçon est toujours à l’heure en classe, n’est pratiquement jamais malade et jamais absent. Pire, il respecte tellement l’autorité professorale qu’il a des maux de ventre dès qu’il ne peut travailler ses leçons et a peur de décevoir ses parents et instituteurs si mauvaise note il y a.

Jamais premier de la classe, pas de facilité particulière, il est obligé de travailler dur pour se hisser dans les têtes de la classe, surpassant les difficultés par sa motivation à travailler, toujours en jalousant un peu ceux qui obtiennent des notes supérieures aux siennes sans trop se forcer, d’après eux.

Les enfants, des champs comme des villes, sont méchants entre eux mais, dans cette petite école d’un village de 500 âmes,  une certaine innocence règne encore et ce petit garçon ne se souvient pas que son comportement effacé et soumis à l’autorité attire les moqueries de ses camarades.

Non, toute sa scolarité en école primaire sera calme et sans heurt.

Le tournant critique se produit dès l’entrée au collège dans le village un peu plus grand de la région, chef-lieu de la modernité.

La classe d’élèves, amis soudés, qu’il a connue de ses 3 à 10 ans est éclatée en différentes classes.

Dans ces classes de 30 élèves, il n’en connaît aucun, il va falloir travailler sur sa timidité pour faire connaissance avec tous ces inconnus.

A contrario de l’école primaire où pour toute une année, on s’installe dans une seule et unique classe en face d’un seul et unique instituteur, il va falloir aussi se forcer à comprendre ce nouveau mode de fonctionnement, pourquoi après chaque heure de cours, faut-il ranger ses affaires, sortir en courant pour trouver sa nouvelle salle de classe et ne pas y arriver en retard ? Pourquoi faut-il apprendre par cœur les noms de tous ces nouveaux professeurs, un pour chaque sujet d’étude ? Que de travail pour plaire à chacun ! Autre question, pourquoi autant de professeurs différents pour enseigner autant de sujets que dans l’ancienne école ? Tous ces professeurs ne peuvent-ils pas faire le même effort que l’ancien instituteur pour maîtriser tous les cours ?

En primaire, tout le monde se connaissait par le prénom ou le nom de famille. Chacun avait sa réputation pour laquelle il avait fallu batailler dur. Même les durs à cuir avaient travaillé pour être reconnus tels quels.

Dans ce collège, on est là incognito,  noyé dans la masse. On a été sage toute sa vie mais, dans cette confusion anonyme, une seule anecdote peut changer la donne.

C’est ce qui s’est passé une matinée froide d’octobre. Le petit garçon commence à peine à prendre ses marques dans ce nouvel établissement. Il connaît par cœur son emploi du temps, la localisation de toutes ses salles de classe ainsi que les noms de ses professeurs. Il a déjà ses préférences. Pour les élèves, il ne s’est pas encore fait de copain potentiel avec lequel discuter de dessins animés et des devoirs à rendre. Il a toujours la nostalgie de ses années de primaire et essaye de rester en contact avec son meilleur copain malgré les emplois du temps qui ne coïncident pas.

A 10h05, la sonnerie a déjà retenti depuis 5 bonnes minutes, c’est l’heure de la récréation. En passant devant une salle de classe aux larges fenêtres, il aperçoit justement ce meilleur copain qu’il n’a pas vu depuis au moins 2 semaines. Comme ça fait plaisir ! Il décide d’attendre devant la fenêtre, que ce professeur décide enfin de les laisser sortir pour la récréation, elle prend son temps. Son copain l’a vu et lui fait un petit signe de la main et un sourire chaleureux. En réponse, il lui rend son coucou de la main, ample et innocent.

Ce geste plein d’innocence attire les foudres de la surveillante, cette jeune femme de caractère, intimidante, à la plastique généreuse d’une Béatrice Dalle au meilleur de sa forme, au look excentrique de cow-girl, à la mode de l’époque. Alors qu’elle fume sa cigarette dans la cour de récréation et discute amicalement avec les élèves fortes têtes du collège, elle voit ce petit garçon rebelle perturber un cours et se doit donc de montrer son autorité et de remettre dans les rangs ce jeune perturbateur. Elle écrase sa cigarette sous le talon de sa santiag pointue et va à la rencontre du chahuteur. D’une force assez inattendue, elle l’attrape derrière le col de son imperméable et le lui remonte presque à hauteur du crâne, elle le tire ensuite à l’écart des fenêtres de la salle de classe. La prise sur l’imperméable n’étant pas confortable, elle le lâche et lui pince l’oreille et le tire encore plus loin. S’en suit une véritable leçon de civisme et un rappel sur le règlement intérieur de l’établissement avec force et persuasion, sans prêter attention à la petite foule qui s’agglutine autour pour ne rien manquer du spectacle de ce petit binoclard de 10 ans qui n’en mène par large devant cette amazone d’une vingtaine d’années le dépassant de 2 têtes, ses formes féminines toutes en courbes surlignées dans un jeans très serré, ceinture et ceinturon de type western, un chemisier échancré laissant apparaître sa grosse poitrine et ses santiags dangereuses.

Toute une réputation de garçon sage gâchée pour un simple geste innocent.

Un geste innocent puni par l’archétype même de la Femme qui hantera des nuits pendant de nombreuses années, même encore 25 ans plus tard.

Une Femme, un corps, des attitudes, un style vestimentaire, une situation humiliante alimentant des désirs et des fantasmes d’un petit garçon qui encore à ce jour a du mal à devenir un homme.

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