Nous avons rendez-vous à midi à la gare Montparnasse et pourrons passer quelques heures ensemble pour faire du shopping car mon train n'est pas avant 14h30.
Echange de SMS car la Miss se fait attendre, arrivé 13h30 je lui dis qu'il faut mieux annuler la rencontre car on n'aura pratiquement pas de temps pour apprécier mais elle me répond d'un cinglant "pas question, je suis dans le métro, j'arrive, j'étais avec mon mec, tu crois que j'allais le lâcher pour venir voir un boloss comme toi ????". La répartie est cruelle mais si réaliste et ne fait que me remettre à ma bonne place. Vers 13h45, enfin un nouveau SMS, j'espère que quand je le lirais je verrai qu'elle est arrivée, mais, encore une fois, faux espoir, "achète moi une sucette à la fraise, j'en ai envie et j'ai la dalle, j'espère que tu m'invites à manger". Je souris en pensant que mon train est dans 45 minutes et que j'aurai certainement le temps d'"inviter" mais peut-être pas moi-même de déjeuner. Au fait, finalement je ne trouve pas de sucette, mais j'achète un paquet de fraises Tagada, sur ordre texto de la demoiselle.
14h00, nouveau SMS : "je suis en face du Gaumont, grouille toi de me rejoindre, ya des vieux qui me mattent, je suis pas un cinéma moi". Je parcoure en moins d'une minute les 500 mètres qui séparent la gare et la zone commerciale où se trouve le cinéma.
Je ne la vois pas car je ne connais pas son visage, c'est elle qui me reconnais, elle me tend sa main d'un geste majestueux, je comprends que je dois y déposer une bise de respect "tu penses quoi de ma bague deux-doigts ?" "sublime" (bien entendu) "t'es encore plus moche en vrai que sur tes photos, allez on va manger".
Le premier contact est facile, on communique sur Facebook depuis plus de 4 mois donc on se connaît bien, on s'entend bien (enfin c'est mon point de vue). On discute bien en marchant dans le bâtiment des Galeries La Fayette, "La Pomme de Pain, non c'est dégueulasse, je mange pas là c'est pour les bolosses, La Brioche Dorée, wé c'est un peu mieux mais c'est bien parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, c'est de ta faute, t'aurais du prendre ton train plus tard, la prochaine fois, je veux un vrai restaurant".
On cherche une place assise, c'est bondé de chez bondé, on trouve une petite table à côté de deux femmes d'un certain âge, qui se sont teint les cheveux en brun rougeâtre pour masquer leur âge sûrement.
Elle me dit qu'elle veut un sandwich au saumon, un Fanta et pas de dessert, pendant que j'emmagasine l'information, je me demande s'il y a du saumon dans ce genre de "restau", et elle en profite pour remarquer des sortes de moucherons qui tournent autour de ma tête, elle éclate de rire en me disant que je suis grave et que ces petites bêtes ne mentent pas sur mon hygiène personnelle. Aucune retenue sur le volume de sa voix utilisé pour m'asséner ce coup bas, les voisines punks quinquagénaires ont tout entendu en bonnes mégères. Je vais commander les sandwichs, je choisi vite fait pour moi, mais suis un peu perdu pour celui de Princesse Sarah Ici, car il y a différents choix (sandwich bio au saumon avec du pain d'une drôle de couleur et des légumes dont je n'ai jamais entendu parlés à ce jour, ou sandwich norvégien). Je m'excuse auprès de la serveuse et retourne à notre table pour expliquer à mon invitée. La serveuse devant sentir mon désarroi communique directement à distance avec Princesse pour lui expliquer et prendre la commande. Encore une fois, tout le restaurant a du se retourner sur le rire de princesse qui me fait la cinglante remarque que la serveuse m'a complètement ignoré sentant bien que je n'étais qu'un intermédiaire.
Quelques minutes plus tard, lorsque le sandwich norvégien est toasté, la serveuse me fait signe pour que j'aille chercher le plateau, j'y courre (avec toujours en tête mon train dans moins de 15 minutes), Princesse Sarah m'engueule car j'ai pris un Orangina au lieu d'un Fanta (car il n'y en avait pas), se penche au-dessus de la table pour que je sente son parfum si fruité et féminin, elle veut me faire toucher ses longs cheveux fins mais se ravisent rapidement quand elle voit que mes grosses mains pressées étaient déjà sur mon sandwich, me fait deux gros doigts d'honneur lorsqu'elle voit que j'ai choisi un classique jambon gruyère, "t'es sérieux là, t'as pris du porc devant moi ????".
Les doigts d'honneur ne passent pas inaperçus aux spectatrices de la table d'à-côté. Elle rigole lorsque je lui demande ce qu'est la grosse marque rouge qu'elle a dans le cou et qu'elle me dit que c'est un suçon que lui a fait son "boy". Encore quelques minutes pendant lesquelles elle me demande de commenter comment elle est habillée, j'adore ses petites baskets blanches Nike et sa tenue décontractée, elle me dira que mon polo n'est pas trop mal, qu'elle s'attendait à une tenue plus plouc de ma part mais que mes baskets sont dépassées depuis une décennie.
Après ce dernier compliment de la bouche d'une vraie Princesse dont la compagnie est vraiment très agréable, je me sens obligé d'écourter la rencontre, je fais humblement don de mon offrande (j'essaye de façon discrète mais je suis sûr que tous les money slaves me suivront pour dire que ce moment particulier est sujet à paranoïa et qu'on a toujours l'impression que tout le monde nous dévisage pendant ces quelques secondes où des billets changent de main). Une bise respectueuse sur la grosse bague deux-doigts et je me précipite pour attraper mon train quasiment à la dernière minute. Pas de place assise, le trajet de 3 heures va être très long mais, petit coup du destin, en fouillant dans mes poches, je tombe sur un paquet de fraises Tagada qui m'aidera à me remémorer la petite demie heure sympathique qui vient de se passer. Un dernier SMS pour m'excuser de ne pas voir donner les sucreries soldé par un message d'au-revoir et de remerciement "je vais te niquer".
Oui, vraiment une rencontre très agréable comme je les aime.