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Starfuckeuse épisode pilote.
Quand je veux un mec, je me donne les moyens de l'obtenir.
Physiquement, je pars avec un sérieux avantage ; je suis élancée, métissée et pas farouche.
Autant dire que je suis la beauté vénale dans toute sa splendeur.
Seulement, il n'y a pas que le physique qui aide à pécho : le bon réseau, c'est primordial.
Mes potes je les choisis en fonction de ce qu'ils peuvent m'apporter
Ou de ce qu'ils ont pu m'apporter dans le passé. Je suis pas ingrate comme meuf.
Je fais presque rien de mes journées, j'ai jamais travaillé de ma vie.
Enfin, si, une fois au mcdo mais depuis je vis de mes liaisons.
Perso, je vise le long terme au niveau relationnel. Je suis restée 3 ans avec un dealer.
Qu'est-ce qu'il m'a mise bien ce salaud !
S'il n'avait pas écopé d'une peine d'enculé, je serais encore sa meuf à l'heure d'aujourd'hui.
Lors du verdict j'étais là, quand j'ai entendu 4 ans fermes, je me suis taillée.
Attendre un an, ok, j'aurais pu m'arranger mais 4 ans? 4 ans? Je mange comment? Je m'habille comment?
Non, hors de question.
Il a pété son câble en apprenant la rupture !
Des gars de son quartier sont même venus me voir en me menaçant!
Mais j'étais déjà sur un autre coup, un autre dealer à tendance criminelle.
Dès que mon ex a entendu que j'étais la nouvelle meuf de L. il s'est détendu.
Plus de menace, il croupit en prison paisiblement à l'heure où je parle.
Malheureusement avec L. ça n'a pas duré. Il était dans une werss bien trop louche pour moi,
il fumait beaucoup trop de bédo puis il était pingre.
C'était noël quand il lâchait un billet violet.
Incroyable, quand tu penses qu'il vend de la drogue à des petits fêlés du bocal,
qu'il brasse de l'argent sale et que les sommes colossales qu'il retire de ce trafic
il les dépense même pas pour la meuf qui le soulage, c'est un comble.
On s'est quittés d'un commun à accord, des fois on se voit quand il est en manque de vraie meuf
et j'en profite pour le sensibiliser à la cause de mon porte-feuille.
Je m'appelle Heaven.
Je sais, c'est paradoxal, je déchaîne les enfers mais mon prénom signifie Paradis en anglais.
Whatever. J'ai 24 ans, je suis bonne et c'est tout ce qui compte.
En parlant de compte, le mien est dans le rouge,c'est pour ça que je pars à la chasse d'un gars hyper friqué.
Dernièrement j'ai été à La Parisienne, une boîte tranquille de Paris,
comme son nom l'indique et j'ai flirté avec le rappeur du moment.
Toutes les meufs étaient en chien sur lui, certaines n'avaient même pas de sous-vêtements
et se trémoussaient près du carré VIP. Les bouffonnes. Moi je suis arrivée classe, maquillée proprement,
formes optimales et je l'ai laissé venir à moi grâce à la technique de la meuf " intéressée mais pas intéressée".
Je le dévorais des yeux mais dès qu'il faisait le mec " viens me voir", je tournais la tête e
t je parlais à d'autres gars. ça l'a tué.
C'est un chien de la casse, il a beau vendre des tas de disques
et la mettre à des tas de meufs plus belles les unes que les autres, devant une louve,
il miaule.
Il a pris mon numéro à la fin de la soirée et aujourd'hui il m'a invitée à l'enregistrement d'un titre de son
3 ème album.
Studio :
Là je me dis qu'on n'a pas idée d'attrouper autant de jeunes décérébrés dans un cagibi
vulgairement nommé studio et de les faire aboyer dans un micro.
Si j'étais L'Etat, Louis 14 cautionne mon audace, je subventionnerais les maisons de quartier
afin qu'elles fassent lire ces pauvres bougres au lieu de leur fournir des salles municipales
afin d'organiser leurs battles de merde. Être rappeur c'est pas une fin en soi.
On place au Panthéon des stars des dealers de came et des ex-braqueurs, c'est dire le CV calibré.
Enfin, bref, ma gueulante sera prise au sérieux le jour où ces mêmes dealers
n'auront pas leur main sur mon postérieur.
- Tu crois qu'ils auront fini à quelle heure? Demande Félicia.
Elle s'impatiente,la conne, dans un élan de gentillesse incommensurable,
je l'ai sortie de sa cave pour qu'elle découvre un autre univers mais c'est en exaspération qu'elle me remercie.
Félicia est ce que l'on appelle;" une mère célibataire qui a toujours payé de sa personne
afin d'obtenir le peu qu'elle a". De ses extensions à ses clefs de voiture tout vient d'hommes de passage
qui lui ont fait prononcer des voyelles dans le secret de chambres nichées dans une alcôve.
Aujourd'hui, laminée par le temps, une môme de 7 ans dans les bras, elle galère sec à dépouiller des petits cons.
La fermeté qui veut tout plaquer et les eins monstrueusement attirés par le vide,
comme chantait Kayna Samet, ça n'aide pas.
Là, en l'invitant à l'enregistrement de l'album de B. je lui sauve la mise.
Je suis sûre que le petit babtou qui est au synthé va consentir à se faire dépouiller.
C'est bien connu, pour s'intégrer dans l'univers blacko-rebeu de l'industrie du rap,
les babtous sont prêts à tous les sacrifices, alors se taper un double-poney de 34 ans,
c'est un bisutage plutôt sympathique.
- Une demi-heure, je pense...Sors fumer si tu veux.
Son impatience me déconcentre. Mon tanga me frotte le canon,
je fais un effort surhumain pour ne pas me cambrer et le remettre en place,
B. me lance des regards convenus de temps à autre, si j'ai l'air d'une clando, ça la fout mal.
J'en peux plus, on est là depuis 12h30, on est 15 dans un petit studio climatisé.
Même le garde du corps de B. grimace en tapotant du pied.
Il ressemble à P.Diddy, en beaucoup plus costaud.
Quand il n'a pas l'œil rivé à sa montre
il jette quelques coups d'œil certifiés "j'ai la dalle" au niveau du postérieur gélatineux de Félicia.
Sur mes pradas, je suis persuadée qu'il veut du pain.
Au pire si Félicia ne parvient pas à michtonner le babtou du synthé, elle pourra se rabattre sur Big Diddy.
B. retourne en cabine. J'en profite pour passer une main sous mon short
et arranger ce tanga de la mort qui me sciait le fion.
- Vous voulez boire un ketru les meufs? Interroge, Wilfried, le manager.
- Euh, ouais, de l'eau gazeuse.
- Non, ça fait péter ça, balance Félicia en me regardant.
Putain, j'sais pas où elle a appris à draguer cette meuf mais ça devait être dans les sous-sols de parking,
si tant est que ça existe. Dès qu'il y a une phrase ou un terme à ne pas dire, elle l'expulse.
Heureusement, Wilfried n'a rien entendu,
la voix de cette crétine a été recouverte par les aboiements mélodieux de B.
- De la Badoit s'teuplait.
Wilfried s'en va nous chercher tout ça. Félicia me jette un regard noir de meuf qui se désaltère au coca.
Sotte. Tout le monde sait que pour pécho un rappeur sur le long terme il faut avoir certaines manières.
Tout le monde rote, chie et se tape une gastro une fois l'an,
le truc c'est qu'il n'est pas obligé de se l'imaginer tout ça, B. Ce qui différencie les filles communes,
des filles comme nous, c'est que notre physique ne permet pas d'affirmer qu'on s'adonne à ce genre de pratiques.
J'écoute les paroles que ma cible débite dans la cabine. Tout est décousu.
Il parle de voitures,de putes, d'argent et de course poursuite avec les keufs.
Entre nous, je doute fort que tout soit tiré de la bande originale de sa life mais qu'importe,
si ça permet de m'acheter un petit appart' sur les champs, je valide.
Wilfried nous tend les bouteilles. J'ouvre délicatement la mienne et avale une bonne gorgée.
Félicia, cerveau off, secoue la bouteille, évidemment,
la pression remonte et l'eau gazeuse échoue sur la moquette lorsqu'elle retire le bouchon.
- OH MERDE! Elle s'écrie.
Je ne la calcule pas. Elle est trop idiote, une vraie incompétente. Les gars n'y prêtent pas attention,
seul Big Diddy s'approche d'elle et lui tend du sopalin.
Il a une vraie tête de smicard de près, ils iraient bien ensemble.
- Counia mama'w! pestifère Félicia à la bouteille de Badoit.
Comme si c'était de sa faute à elle si Félicia est profondément bête.
Une petite heure plus tard, on vide les lieux. Je suis dans le hall du studio, le staff est dehors.
B. s'approche de moi et me demande ce que je fais ce soir.
- On est là hein...
Meuf évasive au possible.
- ça te dit un resto'?
- Vas-y...
- Je t'appelle de toute façon.
Il me fait un clin d'œil en guise de signature de contrat.
Je vois d'ici le tableau, on va diner, il va me
raconter sa vie, on va monter chez lui puis il va me monter dessus. Gradation typique.
Je m'en fous, je sais pourquoi je fais tout ça, j'ai des objectifs...
Starfuckeuse part 1 - Le bâche.
Non pas : Grec. Non pas : Mcdo. Non pas : italien. Ni même, pizza hut. Rien de tout ça.
Juste : resto 3 étoiles, il est dans le guide Michelin le bordel.
Je bouffe des carottes à 30 euros, sa mère.
Il pèse vraiment lourd ce porc !
- Tu fais quoi dans la vie? T'es danseuse,non?
Sa question tombe mal, je bois une gorgée de vin.
J'hésite à lui sortir la disquette du " je me cherche encore mais je suis dans la mode".
C'est pas une question à prendre à la légère.
Il cherche à savoir si je suis une meuf sûre, ça se voit à des kilomètres que je me fais entretenir!
Mais il doit penser qu'avant ça, j'ai mené une "vie normale".
- Je suis styliste. Cette jupe, c'est moi qui l'ai faite.
Il jette un œil en dessous de la table. Ma jupe est plus courte que la teub d'un eunuque.
Mes jambes de gazelle et mes cuisses charnues semblent le laisser indifférent, je suis troublée.
On parle de sa carrière deuspi, je veux pas jouer la groupie alors je pose peu de questions.
- Le featuring avec O. c'est ça qu'a tout démarré, à l'époque on était en indé,c'était dur t'as vu !
il affirme en prenant une bouchée de boeuf.
Il balance des " t'as vu" à tire-larigot. ça me dégoute.
Les tics de langage ça me stresse, c'est comme les meufs qu'ont des mimiques et se touchent les cheveux dès qu'elles répondent à une question.
- Mais tu l'as pécho, elle? La chanteuse O.?
Il sourit. Il est beau quand il sourit, on dirait un gamin. Je suis attendrie.
- Vite fait. Moins que tu le penses. il déclare puis s'esclaffe.
Chien de la sseca s'inscrit en lettres capitales sur son front." Moins que tu le penses." ça se place dans le peloton des phrases à interprétations multiples. Il est sorti avec ou pas?
Elle est si cheum, ça me vexerait de passer après un thon à la catalane pareil.
Bref, je dois me concentrer sur nous.
Je pose une main délicate sur la sienne, tatouée, on dirait que le plan du métro parisien est inscrit sur ses phalanges.
Au lieu de me donner la paume de sa main, il reste immobile.
Bâtard. Je me renfrogne un peu, je suis vexée, il me complique la tâche ce con.
- T'es de quelle origine?
Il mate ma peau en fronçant les sourcils.
- Des îles ?Dom-tom?
- Non, plus loin.
- T'es métisse ? Obligée t'as une combinaison louche avec tes yeux bridés et ta peau couleur caramel.
- Je suis le fruit de la mondialisation. 3 bails de cinglés dans le sang, mon frère !
Il sourit à nouveau. Ah, j'ai chaud...
- Tu m'as dit que tu parlais italien non? T'as du sang italien, un peu? Italie-Cameroun, non?
- J'abrège tes souffrances, tu vas te péter le bulbe rachidien à réfléchir comme aç. Brésil-Italie-Guinée.
Il n'en croit pas ses oreilles. Pourtant c'est l'une des seules choses vraies que je compte lui dire, de ma vie.
Ma daronne est italo-brésilienne, un produit contrefait à elle toute seule, quant à mon daron il est guinéen mais surtout inconnu au bataillon, ce lâche.
En cet instant critique des confidences, j'entame la phase "séduction intense" de mon plan...
Jje me penche et pose une main sur sa cuisse.
Il comprend où je veux en venir mais fait le chien à nouveau.
- Tu veux un dessert?
- Sans façon.
Je le sens chaste pour le moment.
ça me bouleverse, d'habitude au bout de trois gestes éloquents, le mec fait ce qui à faire.
Je le regarde et je me dis, ouais, il veut me faire languir, il croit que je suis carbonisée. Salop.
Mais bon, j'ai le courage de mes opinions, ce mec tant que je l'aurais pas fait cracher 20 000 euros il n'ira nulle part.
20 000 euros c'est mon objectif.
ça va pas être simple mais plus le combat est dur plus la victoire est belle!
On sort du restaurant au bout d'une heure et demi. Il passe une main sur mon épaule.
Enfin. Descends plus bas négro, n'aies pas peur des virages.
Devant son cab' il reste muet. Je prends les devants.
- On va chez toi?
- Ah, chaud! Demain j'ai studio dès 7h du mat'. On se voit demain soir si t'es opé. D'accord ?
D'accord ? Ouais, d'accord! Je me dis en souriant pour ne pas laisser transparaître mon malaise.
Je le comprends pas ce renoi. Il a une putain de métisse sous les yeux et il joue le puceau?
Pas grave, il se tape un délire sur ma race. Je fais profil bas.
-Demain soir? Hum...Je t'envoie un texto pour te dire...
ça lui fait ni chaud, ni froid, il m'invite à monter dans son cab et me dépose chez moi.
On ne s'embrasse même pas, juste la bise.
La flemme, il est plus coriace que je pensais ce bolosse.
Demain soir je vais le rendre ouf, il saura même plus où il habite, fini les vêtements moulants et courts...
Je vais la jouer pétasse-pudique, ça marche à tous les coups, crois en mon expérience...
Starfuckeuse - Qui es-tu? - 2-
" Une spéciale pour les dresseuses de chien de la casse !"
Je suis à Châtelet, le forum est plein à craquer. Je slalome entre mecs de L.A,
les Soraya des chichas et les Rihanna Cissoko. ça grouille de monde comme dans un terminal d'aéroport,
je le confesse j'ai choisi le jour des fashions : samedi.
Lasse de regarder les séries américaines de TF1 je me suis décidée à venir acheter quelques bricoles.
B. m'a appelée ce matin, il est déter' le puceau.
Bien sûr, j'ai fait la mielleuse, je lui ai assuré que c'était bon pour moi,
ce soir je dois le capter à 21H00, normalement...
J'ignore pourquoi mais je sens le plan foireux à des ki lomètres.
J'ai l'impression qu'il est autant attiré par moi qu'un manchot par un gant.
-Eh excuse moi! Mademoiselle!
Un petit mec me tend un flyer en m'assurant que je suis fraiche.
- Sympa.
- Y'a moyen que...
Il se lance dans une demande de 06, le malheureux, je le freine vertement.
- Branle toi!
Il me toise et bougonne des "grosse pute", "pétasse" en continuant à distribuer ses flyers.
Il pue sa race, il a à peine 17 ans, il porte un t-shirt qui sur son corps frêle ressemble à un drap
et il ose me draguer?
J'entre chez H&M. Putain il y a de la pute qui déborde de partout. Les accessoires à moins de 5 euros sont pris d'assaut par les moins de 16 ans, je les laisse se battre pour une barrette à 4,90.
Je me faufile, mon gros tarpé éborgne quelques meufs accroupies
à la recherche de l'accessoire qui fait la diff.
- Eh mais t'excuse pas surtout! vocifère une jeune rebeu en arrangeant ses cheveux.
- Oh, baisse d'un ton ! Je ne t'ai pas vue.
- Bah maintenant tu me vois excuse toi. T'as failli m'éborgner avec ta remorque à la place du cul.
Le sang me monte au cerveau.
- Ok, je m'excuse.
Les quelques meufs qui ont assisté à la scène me jette un regard interloqué.
L'une d'elles semble dire à sa pote : " La baltringue, j'aurais défoncé la rebeu à sa place."
Je fais mine de tracer mon chemin mais c'est mal me connaitre, renoncer ne fait pas partie de mon vocabulaire. Délicatement j'attrape un parapluie qui traine près des châles hideux à 10 euros et je balance un violent coup sur le flanc de la petite impolie qui m'a affichée.
Elle ne s'y attendait pas, elle s'effondre sur les gloss en criant. Une de ses amies,
me demande ce qui m'arrive, ça se fait pas, t'es plus grande qu'elle, montre l'exemple.
-Là, tu veux aussi que je m'excuse? Je lui glisse à l'oreille.
Elle est choquée, la peur se lit dans ses yeux plein d'huile d'argan. Elle marmonne des injures incompréhensibles à mon encontre mais qu'importe, sur son visage ça se voit qu'elle a compris...
Je sors du magasin en roulant du cul pour bien lui témoigner tout mon mépris. Une pisseuse qui me clashe? On aura tout vu.
Je ressors du H&M sans achat, je rebrousse chemin, la flemme de me taper la place Carré avec mes Louboutins de dix centimètres. Je me dandine jusqu'au métro.
Un énième dalleux vient m'apprendre que je suis extrêmement charmante.
Cette fois-ci il s'agit d'un slave, il a des yeux d'un bleu si pur qu'au lieu de l'insulter je lui affirme
que je suis mariée.
- Oh le chanceux...
- Il le sait...
-Au plaisir alors!
- C'est ça.
Je descends et enfile mes écouteurs. Je suis trop bonne, ça devient dramatique.
En l'espace d'une heure et demi, je me suis fait aborder 10 fois et certains étaient sacrément mignons.
Dans le métro qui me ramène dans le 12ème je reçois un message de B.
" Oh ma belle ce soir j'ai une soirée dans le 91, ça te dérange de venir avec moi?
Après on se pose tranks chez moi. Rep. "
Je grimace. Merde. Je pensais qu'il continuerait à jouer au jeu de la chatte et du soumis. Je n'ai évidemment rien à me mettre puis surtout je n'ai pas fait le travail de refonte fondamentale.
Il a précisé qu'on allait se poser chez lui, c'est pas pour jouer au scrabble. Je dois aller m'épiler, me lisser les cheveux, ce qui va me prendre la moitié de la journée sachant qu'ils sont emmêlés. J'hésite sérieusement à décliner. ça la fouterait mal si j'arrivais chez lui comme une shlague.
J'entre dans la rame de la ligne 4. Immonde. ça pue le poisson sec et la transpiration.
Je me cale contre une femme. Si mon boule frôle le tarmac d'un poundé, je suis foutue.
C'est décidé, je rentre chez moi, je me décrasse comme une friteuse et je vais à sa soirée.
Je vais lui en mettre plein la vue...
(2bis)
Starfuckeuse Part 2 - qui es-tu ? suite
J’arrive chez moi lessivée, j’ai fait une halte au monoprix afin de m’acheter des munitions pour le désherbage. J’habite un studio du côté de Daumesnil. Quartier sympa, c’est pas le grand Paris mais c’est toujours mieux que ma ville natale de péquenots. J’ai déménagé il y a tout juste deux ans et ma vie a grave changé. Avant, j’étais contrainte de faire mes courses avant 19h car passé cette heure tous les magasins étaient fermés. A paris il y a un concept démentiel qui est ; l’épicerie du coin de la rue, même à 2h du mat tu peux te remplir le bide ou acheter des tampons si la mer rouge te submerge comme un tsunami. Puis Paris c’est la classe, tu n’as de compte à rendre à personne, quand un voisin clamse pas besoin de se trainer chez lui, t’envoie un texto et ça n’offusque personne, les gens sont cyniques, froids et odieux, tout ce que je suis.
Tandis que je monte les escaliers mon portable vibre. C’est ma mère.
- Ouais maman.
- Tu comptes me donner de tes nouvelles une fois par an ?
- Non j’allais t‘appeler, come vai ?
- Ça va, je fête mon anniversaire dimanche, tu passes ?
- Evidemment !
Elle raccroche en me faisant des bisous. Je sais qu’elle préférerait que je ne passe pas chez elle dimanche mais c’est une mère alors elle masque sa gêne. Et oui ma chère maman est de celles qui négligent leur enfant lorsqu’elles rencontrent un nouvel homme. Elle a pécho un vieux beau de 55 ans gérant d’un resto chic de neuilly sur seine et elle ne le lâche plus. J’ignore ce qu’elle craint, me voir sympathiser avec son gros lard ou bien que je le méprise comme une flaque de pisse près d’un réverbère. Ma mère et moi avons des rapports très compliqués. Je lui en veux pour différentes raisons et elle ne me comprend pas pour différentes autres. Histoire classique de cordon mal scié. On a vécu plus de dix ans l’une avec l’autre et on s’est aimées autant qu’on s’est détestées. Quand mon père nous a abandonnées je me suis occupée de ma mère. Elle est devenue alcoolique et dépendante à la cortisone à cause d’un accident de voiture. Tous les jours en sortant du collège je la lavais, je la faisais manger puis je faisais mes devoirs, un rythme de vie de taré, j’étais adulte comme un enfant soldat. A 15 ans, je suis devenue irascible, ma mère allait mieux et au lieu de prendre soin de moi à son tour elle s’est mise à sortir, à la recherche d’un 3ème mari. Certains week -ends elle ne rentrait pas, elle m’appelait d’une cabine téléphonique : « Ma poupée je suis à Lyon avec Dany ! » puis « la vue est super belle de st raphael. » J’étais la mère, elle était l’ado. Un jour, je sais pas ce qui m’a pris, j’ai fugué. Je pense que j’en avais marre d’être seule, terne, enfermée chez moi comme un oiseau en cage. J’ai pris deux jeans, un pull et des culottes, la première nuit j’ai attendu dans un bar jusqu’à 2h du matin, je voulais qu’elle m’appelle, qu’elle remarque mon absence ; rien. Le lendemain j’ai trouvé refuge chez Rockia, une pote du lycée, sur mon portable toujours aucun sms de mère désespérée. Ce n’est qu’au bout du 4 ème jour, lorsque le lycée a du appeler sur le fixe pour signaler mes absences qu’elle s’est rendue compte que j’avais fui. Ignoble. Mère indigne sans repentance. Tout cela, aujourd’hui c’est derrière nous, mais des fois je me retourne et tout me revient en pleine face comme un boomerang. C’est pas possible de laisser son enfant dans un dénuement affectif pareil, j’aurais pu crever dans l’indifférence la plus totale elle n’aurait pas bronché. A 17 ans, je me suis fait tatouer carpe diem sur la hanche, elle n’a pas apprécié. « Comment ça tu te tatoues sans me le dire ? » elle s’est emportée, m’a rappelée qu’elle était la mère et moi la fille, je devais la tenir informée ; j’ai ri et je suis partie. Depuis ce jour ma mère ne sait plus comment s’y prendre avec moi, elle essaie des trucs, des gueulantes, des encouragements mais rien ne marche parce que dans ma tête elle n’a rien à m’apprendre. A l’heure où les fillettes se pétaient la rétine devant les films walt disney j’entendais les gémissements de plaisir de ma génitrice dans la chambre d’à côté. Les meufs de quartier se plaignent souvent d’avoir des parents trop coincés, moi, j’aurais donné mon foie, mes reins contre un peu de pudeur. A 13 ans je savais déjà tout de la sexualité, j’étais mieux informée que le prof de SVT et l’infirmière réunis. Ma première coucherie n’a pas tardé, à 13 ans et demi je finissais mes journées chez le blond aux yeux bleus de la classe, à 16 ans j’avais déjà mieux tourné qu’un vinyle. A chaque fois, toujours cette sensation ineffable de se gâcher pour mieux se sauver. Besoin de saccager la chair pour secourir l’esprit. Je connais tout du sexe, rien de l’amour. L’histoire de mes parents a fini en eau de boudin et sur mon chemin je n’ai croisé que des loubards. En même temps, je suis prédestinée, mon physique est une invitation au voyage pas une terre d’accueil. Quand un homme commence à s’attacher à moi, je lui parle de mes folies, je fais l’inventaire de mes prétendants, je lui donne les détails les plus scabreux, je mutile ma dignité sous ses yeux ébahis, la semaine d’après il quitte le navire sans regret. Ce que je veux dire c’est que ma mère ne peut pas m’en vouloir d’être si distante, elle a chié sur mon enfance et n’a même pas su se rattraper pendant l’adolescence.
Je pose mes achats sur la table basse et me déshabille devant 50 minutes inside. Je déambule à poil dans mon appart’, je suis face à un dilemme cornélien ; entre la cire et le rasoir mon cœur balance. Douillette, je suis du genre à privilégier le rasoir mais je me dis que B. a une gueule à préférer les meufs qui se torturent à la cire. Va pour l’auto-flagellation. Je mets une heure à parfaire tous les recoins, je me demande comment font les portugaises. Ma chaine-hifi crache le dernier son de R., un autre rappeur sur lequel je jetterais bien mon dévolu. Chaque thug en son temps. Je termine ou plutôt je commence avec B et après j’étudie R. Il est déjà 19h30. Je me brosse les cheveux comme une vraie pro, ça me prend une heure mais qu’importe, ils sont soyeux et sans nœud désormais. Une douche après, je m’affale sur le canapé et entame l’embellissement de mes orteils, chaque coup de pinceau rose fushia est un coup de jeune pour mes yeps si souvent meurtris par des talons hauts. Je me sèche les orteils et les cheveux, j’enfile une robe classe et sexy, je me maquille seulement les yeux, le reste pas besoin, ça va salir ses draps… Il est 20h00 déjà, par texto il m’a prévenue qu’un taxi m’attendrait à son nom. Il est en place le renoi !
Je pue le Nina ricci, je vais tourner de l’œil, j’en ai mis jusque dans ma schneck. Le taxi démarre en trombe pour ATHIS MONS, je lui demande de monter le volume, chris brown entonne deuces, le son qui va bien avec mon état de fébrilité mêlé à de l’excitation...
(3)
Starfuckeuse - Rien n'est acquis - part 3
"Viens dans ma brecham , le loup est grand et méchant, c'est juste pour n*quer, crois pas qu'on est en ble-sem..."
La salle est bondée. Toute la voyoucratie lève les bras en sifflant un verre d'alcool, l'ambiance est bonne. Je suis près de Wilfried, le mec du staff de B.
- Il monte sur scène dans cinq minutes, c'est mieux que tu attendes là, dès qu'il finit je t'emmène en loge ou mieux, il vient te capter.
Je hoche la tête en m'accoudant au comptoir. Le serveur latino me gratifie d'un petit sourire charmeur en remarquant ma présence. Il me demande ce que je prends.
- Un Tequila sunrise.
Il cligne de l'œil en lançant un " ça marche la plus belle !" et s'affaire à la tâche.
"Personne à ta table,normal on a toutes les meufs..."
Mon radar-euros distingue tout de suite les pointures des fauchés. Les gars qui pèsent ont cette fâcheuse manie de s'agglutiner dans le fond de la salle, entourés de dix pétasses qui pérorent et ricanent en agitant leur énorme poitrine. Je suis un peu seumarde, je suis cruellement en manque de eins depuis l'adolescence. Non, je ne compte pas recourir à la chirurgie, je préfère rester ainsi, trop de courbes donne la nausée.
- Alors, on reste toute seule?
Un grand chauve me dévisage en rangeant son blackberry dans la poche de son jean.
J'incline la tête et le scrute.
- Oui, pas besoin de compagnie.
Il insiste.
- Je t'offre un ketru?
Je fais non de la tête. Il bloque une minute sur mes cuisses, je suis assise et lui debout, il a une vue panoramique sur la vallée de l'enchantement. Pauvre tâche, regarde moi dans les yeux !
- Ton nom c'est quoi?
Bon, là je suis agacée, je relâche la pression :
- Tu me saoules, j'attends mon mec, barre toi.
Le grand babtou est choqué. Il sourit en ramassant les débris de sa dignité. Je me retourne, mon cocktail est prêt. Je sirote en parcourant mes messages. Timal m'a appelée.Merde, je l'ai manqué.
Timal c'est mon meilleur ami, mon frère, mon repère. Il habite sarcelles, je l'ai rencontré en soirée il y a 3 ans, au départ il n'en avait qu'après ma plastique mais à force de galérer il s'est rabattu sur le poste vacant de "meilleur pote". Depuis on ne se quitte plus. Quand sa femme le jette à la rue il vient pioncer chez moi, en tout bien, toute honneur, il est si mignon mais si pauvre, pas de chance...Timal a 30 ans, soit six ans de plus que moi mais ça ne se voit pas. C'est un grand gamin, bourreau des culs, il est ma version masculine, un soldat du lit. Sa femme, Myriam, une gwada belle comme le jour, veut divorcer. Pas plus tard qu'il y a quinze jours elle le menaçait de le spolier de son rôle de géniteur auprès de leur fils s'il n'arrêtait pas de cavaler après des petites mineures. Il a promis de changer. Le lendemain il faisait sa fête à une petite Keysha de 19 ans. Insatiable. Je lui envoie un texto l'informant que je suis dans le 91 à un show-case. Il me répond directement :
" Ou k zouké?"
Moi : " Trop pas, concert de rap ma gueule :( "
Timal : " Depuis quand tu kiffes le rap ? "
Moi : " Alala dejame papi ! "
Timal : " Lol coquine ! je vais sur Paris perforer un bowdel ma soeuw, on se capte demain. Tchimbe!"
Il est fou cet enfant.
Je sirote toujours mon sunrise en matant la scène, le dj est en place mais B n'est toujours pas là ! Qu'il se grouille, j'ai un timing à respecter !
" Ok, ok, ok on va y aller tranquille, excusez-moi, ok, hop hop hop. Tu veux du biff, plein de biff, c'est par ici, biatch faut qu'on la fasse vite, arrête ton manéci."
B est frais. Il porte un marcel blanc qui met en valeur son corps de spartiate, un jean suggère son boxer Calvin Clein. Espérons que mes mains et lui fassions connaissance dans une heure ou deux. Au refrain, il me jette un regard insistant, je réponds par un sourire de grosse timp, je laisse échapper ma langue, j'ignore comment je m'arrange avec ma chebou mais ça donne bien vu qu'il lève son pouce en l'air. Je crois que ça y est, on est arrivés à la phase de séduction hot. Nous sommes deux adultes consentants qui savons ce que nous faisons. Moi je sais surtout ce que je veux.
Ce petit concert fort sympathique, prélude d'une soirée bien chargée, du moins je l'espère, se termine par une grosse embrouille pathétique. Deux nanas se chiffonnent pour un poids lourd. Le mec, objet de cette débâcle est hideux. Pas qu'un peu. Il est laid à éborgner un aveugle. Sur sa table un magnum trône comme un phallus millésimé, il porte des lunettes aviator dans l'obscurité d'une salle de concert, cherchez l'erreur, rien qu'il se pavane. Saucé d'être l'enjeu de cette tape pourrie il rit à gorge déployée et se retrousse les manches pour bien montrer sa montre sûrement plus reuch que mon loyer.
- C'est d'un ridicule ces embrouilles... déclare une voix près de moi.
- J'avoue...
La fille qui se tient à mes côtés est une pure bombe. Elle suçe une olive en se dandinant.
- Tu viens souvent à ces rassemblements ? Elle poursuit en souriant.
- Ah non, c'est la première fois...un ami m'a invitée.
- Ah moi je suis une habituée, la même c'est un pote qui m'a trainée là !
Elle s'appelle Kary, elle est dans le mannequinat, vu la taille de son postérieur, j'en doute. Elle s'intéresse plus attentivement à ma robe qu'elle trouve , mortelle. On sympathise une trentaine de minutes puis Wilfried nous interrompt.
Kary, tourne la tête et s'écrie :
- Aye mon gars sûr !
- Kary? ça va ! Tu dates toi !
Ils se claquent la bise.
- Tu fous quoi là?
- C'est S. qui m'a trainée ici, tu le connais...si j'avais refusé j'aurais un oeil au beurre noir à cette heure-ci...
- T'es toujours avec ce pouilleux? demande Wilfried en reluquant sa paire de lolos.
- Officieusement... Tant que B m'aura pas demandée en mariage !elle s'esclaffe en touchant le biceps de Wilfried.
Je bloque un quart de seconde. B? Elle? What that fuck?
Quand on parle du loup, on voit sa queue... B apparait entouré de ses deux gardes du corps. Il parle à une connaissance puis pose son regard sur Kary. Il l'enlace à l'américaine, sa main frôle son bowdel. Je vois rouge comme un partisan de Mao.
- T'es beau sa race ! crache Kary en bombant le torse.
Une idée traverse mon esprit : et si j'avais de la concurrence et si le chemin n'était pas si linéaire?
Leur petite conversation est terminée. Ouf. Il m'attrape par la taille, Kary me dévisage décontenancée.
C'est vrai que ce mec c'est de la 0.9, elle pensait que j'en étais encore au crack comme les petites pétasses de tout à l'heure qui se tirent les extensions pour un fils de diplomate ougandais. Pitoyable.
Dehors B affirme qu'il est content que j'ai pu me libérer.
- J'ai fait un effort, tu connais...
- Ouais je connais, il concède avec un large sourire.
On monte dans sa Lambo. C'est spacieux ce truc. Mieux que le bus 26, y a pas à dire.
Avant de démarrer il se penche vers moi et on s'embrasse.
"Coucou, bienvenue dans mon hood..." je pense en encadrant son visage délicatement.
"L'instrumental est plié, lutter est inutile, sois sûr qu'on va tout n*quer douter est inutile."
Starfuckeuse part 4 - Ménage à 3 ?-
Explicit lyrics : be careful !
" Alors je ferme les yeux, je plane..."
On est dans le couloir de son loft. Je saisis sa tête, qui est lisse comme une boule de billard,
il a les mains sur mes fesses. Il sent bon, de toute manière même s'il sentait la transpiration j'aurais du faire avec. Sauf que là c'est super agréable, il sent le mâle de Jean-paul Gauthier. Je passe mes doigts sur sa nuque et ne peux m'empêcher de sourire à l'idée d'être dans la demeure de B. Il pige tout de suite que je suis à point. Il appuie sur un bouton qui tamise la pièce, on ne montera pas dans sa chambre, le sofa suffira.
Je ne m'attarde pas sur le design du salon,
j'aperçois juste un booska d'or sur l'étagère et un disque de platine près du drapeau sénégalais. 20 000 euros, je pense en retirant mes talons.
- T'es fraîche, il me dit.
Mon cœur fait un petit salto arrière, il n'a encore rien vu...
Puis il m'embrasse langoureusement. A croire qu'il met du shit dans ce baiser, je suis complétement défoncée. Enfin, pas encore tout à fait...pas assez...
Il retire son marcel, je découvre son torse bombé rempli de tatouages, il a un corps de rêve dommage qu'il soit si taggué, ça gâche légèrement le paysage. J'ignore ou se cache le style dans les multiples tatouages. L'unité fait peut être la diff mais les dessins sur tout le corps c'est immonde. L'heure n'est pas au débat, plus à la débandade,
dans un autre ordre d'idées la montée du pont-levis ne se fait pas attendre. OK.
Je fonds comme une glace au soleil lorsqu'il se colle violemment à moi, descend avec délicatesse le zip de ma robe bustier et fait la connaissance des dunes.
Je n'avais pas de soutif, vu la taille des jumelles, inutile.
" ...rarement je me mélange,esquive, je me déhanche..."
Sans plus attendre je prends la décision unilatérale d'être la meneuse de ce duo charnel.
Et je m'y attelle.
La suite, mieux vaut la taire...
" Ils savent que je ne fais pas joue-joue..."
B. fait de doux bruits de ronronnement et je continue de lui caresser le dos.
Normalement, à la fin des festivités je m'éclipse,
attrape le petit billet que le pigeon pose sur la table basse ou la table de chevet et je le rappelle deux jours après, lorsqu'il veut remettre le couvert,
mais je sais que je dois revoir ma tactique.
B, il faut que je le rende ouf, qu'il soit plein de moi jusque dans sa petite tête de rappeur encensé par la critique.
Il roule son tas de muscles sur le côté et me caresse la tignasse.
Celle au sommet du crâne, je veux dire. On se sourit comme deux mongols,
il me caresse les cheveux avec une telle tendresse que je suis mal à l'aise.
Tellement mal à l'aise que mon cerveau se déconnecte de ma bouche.
- B tu as écouté le dernier album de R? Il est super bien réalisé, je murmure.
A peine je referme la bouche que j'ai envie de me suicider.
Pourquoi j'ai eu besoin de lui parler de son principal rivale musical?
Putain de merde, ma grande gueule va me perdre un jour,
ce côté miss catastrophe me troue le dersh.
B paraît légèrement agacé et se retire doucement de notre étreinte.
- J'écoute pas spécialement de rap français,
il soupire en m'attirant près de lui.
Ouf ! Il n'est pas trop vexé. Merci !
Je me pelotonne contre lui et appuie mon oreille contre son torse, balèze.
Je me sens grave en sécurité, ça change des petits riches au coups de lâche.
"Mets la main sur mon cœur, ressens les secousses sismiques..."
Je meurs d'envie de me lancer dans un bail de journalisme en mode :
" tu fais quoi de tes week ends en général? ",
"t'es déjà tombé en kiffe d'une meuf archi kilométrée? ",
" t'es pour le mariage?"," j'ai été bonne cette nuit?", " on va se revoir, non?" ;
ou de lui rentrer dans le lard en lui demandant carrément
une compensation pour tous les efforts que j'ai fourni,
ma mâchoire me fait mal tellement je me suis appliquée.
Non, c'est ridicule, il va la jouer crevard. Je dois rester calme, renégocier ma position.
Le dimanche c'est un jour terne, tu trouves pas?
- B? je murmure, en caressant la peau douce de son ventre au chocolat,
je croquerais bien un carré d'abdos, là, deuspi.
Putain, il s'est endormi le bougre. Il s'est éteint d'un coup, comme
une bougie en fin de vie. C'est toujours la même chose avec les mecs,
après ce genre de mouvement ils sont toujours fayas comme
s'ils avaient fait le tour du monde en une heure.
Il est 11 heures du matin et le soleil ne se fait pas discret,
de grosses raies de lumière filtrent à travers les volets.
B doit se réveiller, j'ai faim.
Enfin, pas faim de nourriture, faim de lui.
Le mot "dalle" prend tout son sens avec moi,
je ne sais pas comment ça s'explique mais j'en ai besoin,
toutes les semaines,
tous les jours parfois, ça me permet de ne pas trop réfléchir.
Au lieu de se réveiller, M. le rappeur ronfle, et ma vessie s'apprête à lâcher.
Je déloge son bras de mon cou, me glisse hors du sofa et me dirige au 1 er
étage.
Je repère les toilettes du premier coup d'œil,
c'est la plus petite pièce du loft.
Je m'assois comme une grosse sur la cuvette,
Roger Cavaillès va devoir faire ses preuves ce soir...
Je me lave les mains et me dévisage avec curiosité dans la salle de bain,
on dirait une toxico de Harlem.
J'ai les cheveux ébouriffés, la peau qui brille,
les yeux explosés : une crasseuse. Je redescends et le regarde dormir.
J'ai le sourire aux lèvres lorsqu'il grommelle comme un bolosse.
Putain, je me suis tapée B. Truc de ouf ou pas? B?
Je pose une main sur son front, il est bouillant.
T'as pas intérêt à clamser maintenant négro, je raille intérieurement.
Une clef fourre la serrure.
C'est seulement lorsque la porte s'ouvre que je me souviens
que je suis nue,
assise près de B. C'est Wilfried. Je rougis.
J'attrape un coussin et le pose au niveau du pubis,
avec l'autre bras je cache mes eins.
Dans ces moments là ça aide d'avoir des lolos de pré-ado.
Wilfried est amusé. Vicelard.
Je me fais l'impression de la pute du siècle prise sur le fait
avec un homme marié.
- B dort encore? dit-il en souriant.
J'acquiesce en attrapant ma robe qui jonche le sol.
- Tu l'as mis rabat complet?
- ...
- Habille toi, viens prendre un café.
-Non, je...je vais y aller...
Wilfried me dévisage. De près, il est plus mignon que dans mon souvenir
, il a belle allure avec son jean et sa chemise blanche.
Il a l'air d'être bien taillé, et, voilà, malgré moi,
malgré que je viens de faire toutes ces choses avec
un rappeur que je convoite
depuis un mois, je ressens un petit frisson d'excitation.
Mais bon, c'est B aussi, il a pas mis la dose.
- Viens. Il n'est pas près de revenir à la vie ce gros porc .
C'est toujours la même.
Je souris mais je suis un peu vexée.
"C'est toujours la même." il précise bien que je suis pas la première catin
qui vient prendre sa cartouche chez B. et
qu'il découvre à oilpé le lendemain.
Je lui demande de se retourner, il s'exécute. J'enfile ma robe,
je glisse mon string rouillé dans ma pochette, je serre les genoux
et je le suis à petits pas telle une geisha, en admirant son petit derrière.
Hum.
La cuisine est magnifique. Les couleurs ocres et blanches se mêlent bien.
- Désolé de ne pas m'être habillée avant... je marmonne. Je pensais pas ...
B m'a pas dit que tu passais...
Wilfried éclate de rire.
- T'inquiète, je suis pas mécontent ! A chaque fois que ça arrive, je me tape une barre.
Il ouvre le placard et en sort des filtres. J'ai l'impression d'être dans un clip,
illogique le bordel.
- Cool, je dis, en m'appuyant contre le chambranle de la porte
et en le regardant.
Faut qu'il arrête de me rappeler que je n'ai pas dépucelé B, c'est bon,
il y en a eu d'autres, il y en aura d'autres
et fin mais celle qui est en place aujourd'hui c'est bibi, bibi la biatch.
- B a été bon?
Je m'étrangle avec ma salive. Quoi? Comment? Il ose? Oh !
- Non, hier, au concert? T'as aimé?
- Ah... ouais. J'aime bien la nouvelle chanson.
- Tu as vu les meufs qui tournaient autour de lui comme des abeilles?
J'opine.
- De grosses putains.
Euh...j'en suis une. Syndicat de la pute, bonjour.
- Elles le trouvent mignon, c'est tout. je réponds hypocritement.
- Kary, la meuf qu'était près de toi, c'est la reine des garces.
Il remplit la bouilloire.
Ma curiosité l'emporte, je veux savoir comment ça s'organise avec ce big bowdel.
- Ils sortent ensemble? B et elle?
Wilfried parait timide tout à coup.
- Oh... pas plus que ça. Ils sont plutôt à l'intérieur ensemble.
- Non mais tranks Wilfried, tu peux me dire la vérité, je suis pas une fan, je vais pas me scarifier...
Il éclate de rire à nouveau.
- Allô? C'est quoi le bail?
- Bon, c'est sa michto attitrée on va dire. T'es de quelle origine toi?
- Guinée-Italie, je dis en arrangeant ma robe.
- DU LOURD DE DINGUE quoi !
- Attitrée ça veut dire quoi dans ton langage?
- Guinée Bissao ou...
- ça veut dire meuf de tous les jours mais pas de toute la vie ou juste meuf à l'occasion?
- J'ai un pote guinéen, il est dans le rap aussi...
J'abandonne, il ne veut pas chécra le morceau ce con.
Il se penche pour attraper un morceau de sucre
et remarque une morsure sur mon bras. Il la touche.
Je me laisse carrément faire. Il sent bon lui aussi.
- Comment tu t'es fait ça? Il demande en plongeant ses yeux dans les miens.
- Ma faute.
Wilfried et moi, on pivote en même temps et on découvre B sur le seuil.
- Dans le feu de l'action, des coups de dents se perdent renoi,
demande à Chris Breezy et Rihanna.
A en juger par l'expression contrariée de B,
il me redessinerait bien le portrait comme Chris Breezy l'a fait à Rihanna.
Gênée, je me rapproche de lui, faut pas qu'il croit qu'on flirtait, bon,
c'était un peu le cas, mais deuspi deuspi. Mito, deux fois.
Wilfried reprend vite son statut de sous-fifre d'une big reusta.
- Du café B? Il demande tel un suceur.
- Envoie.
B s'assied sur une chaise et jette un regard à ma tenue,
on dirait qu'il sait que j'ai pas de culotte et ça n'a plus l'air de l'enchanter,
faut dire que Wilfried n'est pas scrède lorsqu'il me reluque. Puceau va.
"Si t'es sérieuse t'es ma meuf, sinon, t'es ma p*te."
Avec ce faux pas, je vais les atteindre difficilement les 20 000.
Putain, c'est jamais bon les ménages à trois. Jamais.
Starfuckeuse - part 5 - Dans le coffre
" Regarde ma liasse, danse pour moi biatch!
Quoi?
Tu n'en es pas une ? Oh, autant pour moi ... biatch! "
Wilfried s'est fait congédier comme un malpropre.
B. et moi sommes plus que deux au loft.
Je mate le carrelage de la cuisine,
B. sirote son café en lisant les messages sur son Blackberry bold.
Ok. Il me cause plus?
J'hésite à le tarter en lui rappelant qu'on est plus en maternelle, grandis renoi !
- Tu vas faire quoi aujourd'hui?
Il finit paR m'interroger en tendant la jambe près de la chaise d'en face.
J'avais oublié qu'il était si grand.
" Chez les grands,tout est grand, serre les dents..."
- C'est dimanche...je vais galérer...
Je mendie presque un plan. La honte.
- Moi je décale ...
Super, il me met dehors en fait. Je reçois le message 5 sur 5.
Je siffle mon café en deux secondes et retourne dans le salon.
Je vais récupérer mes talons et ma pochette. Je l'entends se lever. Crevard.
C'est le mot qui me vient en tête.
Ce mec est un gros CREVARD, j'espère que son 5 ème album solo sera un bide.
Bouffon va. Je souhaite vraiment qu'il vende moins que Magalie Vaé.
2000 exemplaires ma gueule.
Énervée je me dépêche de réunir toutes mes affaires
afin de déguerpir telle une fusée.
Si je me dépêche je vais pouvoir rejoindre Timal qui est dans le 20 ème.
On ira déjeuner et il me raccompagnera en clio chez moi.
- Qu'est-ce t'arrive?
Même pas il fait l'effort de dire : qu'est-ce qui t'arrive.
Chiche jusqu'au bout le bougre.
- Rien, je rentre chez moi, c'est tout.
- Ah, t'es pressée?
- Non, mais toi tu l'es... c'est ce que j'ai cru comprendre.
- T'es lunatique un peu, non ?
- Beh...toi aussi, à l'ancienne, non?
- Je vais chez M. si tu veux t'incruster vas-y, sinon, bah tu connais la sortie.
Il me désigne la porte de la tête.
Waouw, ça doit être le pire petit-ami de l'ile de France, ce gars.
Je comprends mieux pourquoi il traite les meufs comme de la merde
dans ses chansons,
il est puceau sentimentalement.
Un vrai sagittaire, froid,indépendant et méprisant.
Je plains sa future meuf, elle aura du taffe la pauvre...
- J'ai pas de vêtements en fait...
Je saisis la brèche pour l'escroquer subtilement.
- Tiens.
Il me tend deux billets de 100 euros. Je suis guez comme une enfant.
J'attrape la maille, il se plie pour que j'accède à sa bouche,
je lui colle un smack de michto satisfaite.
Dehors, je parcours deux rues avant de trouver un magasin fashion,
là-bas je pécho un jean taille basse à 80 euros et un haut à 60 euros,
avec le reste je m'achète des sous-vêtements
et un petit flacon de Lolita Lempicka, 30 ml.
Une fois chez lui je me décrasse,
je laisse la porte de la salle de bain ouverte pour faciliter la communication.
Il fait quelques pompes dans sa chambre, la chaine hifi au maximum, il s'écoute,
l'égocentrique :
" Je suis riche depuis le franc man, l'argent fait le bonheur,
j'en reste convaincu, je suis venu, tranquille, j'ai vu, j'ai vaincu... "
Plutôt d'accord avec ce qu'il débite...
Je suis fin prête une heure et demi après.
Il s'impatiente dans le salon, air force Sénégal aux yeps,
t-shirt de marque sur le dos,
il sent le riche à plein nez.
On monte dans sa Lambo en silence, je le suis comme une groupie,
il est louche comme bipède.
Secret et peu bavard.
Mes ex avaient la tchatche facile, lui, il est obscure,
on dirait que la volubilité est un péché dans sa contrée.
"C'est nous les pitbulls, c'est toi la chienne, clikbrah entre les deux yeux..."
J'attache ma ceinture, ferme un œil à cause du soleil qui tape sur le pare-brise,
l'autre en sa direction, je suis surprise de voir sa main posée sur ma cuisse.
C'est la première fois depuis des heures
qu'il témoigne d'une certaine attirance pour ma personne.
On s'embrasse comme la dernière fois, enfin, comme hier,
mais là c'est différent de la fois d'avant. Lorsque nos lèvres se touchent,
c'est comme si on se disait silencieusement : " C'est juste comme ça."
Alors que nos langues se mélangent,
je m'aperçois que c'est l'anniversaire de ma mère aujourd'hui.
- Ma mère !
- T'as dit quoi?
- Euh... rien, j'viens de calculer un truc,
j'vais pas pouvoir t'accompagner au barbecue.
- Comme tu veux.
Il cherche même pas à savoir pourquoi...
Putain mais c'est quoi ce gars en carton?
- Je... c'est l'anniversaire de ma daronne, faut absolument que j'aille chez elle...
- T'habites où?
- Moi j'habite le 12ème, mais elle, elle habite près de Cergy-Pontoise.
- Ah merde, je t'aurais bien déposé deuspi mais ça va être tendu,
c'est trop l'opposé. Tiens.
A nouveau il me tend un billet de 100 euros.
- Tu prends un taxi tu fais tes bails...
Je le remercie. Je vais garder ce billet et acheter un cadeau à ma daronne.
J'ai une carte navigo dézonnée.
Timal travaille à la RATP comme tout timal qui se respecte,
il m'a eu une carte navigo gratuite,
je peux même aller à Dunkerque avec si je veux.
Avant de descendre de la Lambo, B m'embrasse et me dit qu'il m'appellera.
J'ignore si c'est bon signe.
J'aurais tant aimé l'accompagner à son barbecue de voyous.
ça nous aurait rapprochés. Fuck, on a qu'une mère, je dois aller voir la mienne.
" Je tiens toujours mes bails en tant de crise, de pénurie,
je suis rentré dans la matrice, esquive les balles comme Keanu Reeves. "
Je mets deux heures, montre en main,
pour arriver dans ma vieille ville de bouseux.
Je sonne.
Cent ans pour ouvrir.
- Oh Heaven ! lance ma mère en me prenant dans ses bras.
- Ah, doucement, tu vas m'étouffer.
J'aime pas la tendresse. C'est quelque chose qui me gêne.
Je pense que j'en mérite pas non plus.
Le sexe et l'argent ça pourrit les gens, je suis pourrie.
ça ne viendrait à l'esprit de personne de serrer une poubelle contre lui?
C'est exactement la même chose, je suis aussi nauséabonde
et dégoutante qu'une poubelle, pas besoin de me couvrir d'affection,
j'ai horreur de ça.
J'entre dans mon ancienne demeure. ça pue le neuf !
Ma mère et son mec ont fait des travaux,
ils ont viré l'ancienne décoration et aujourd'hui,
la maison de mon enfance ressemble à un nid de bourges!
- Vous faites rien à moitié, vous deux...
Ma mère ne répond pas.
Je claque la bise à mon beau-père. Il me demande si ça va,
je lui réponds sans même lui retourner la question, je m'en tape de sa santé,
s'il pouvait clamser aujourd'hui je serais même plutôt contente.
Un con de moins sur terre, c'est toujours ça de pris.
- Heaven, tu veux une coupe de champ'? braille ma mère.
- Vas-y, je veux bien !
- " Vas-y, c'est quoi ce tic du langage?
interroge beau-papa en grignotant des chip's.
- C'est pas de ta génération, cherche pas papi.
- Oh ! T'es si aimable !
- J'aimerais en dire autant de toi...
Ma mère arrive avec ma coupe. Une gêne palpable se fait sentir.
Je regrette de ne pas avoir suivi B, putain,
je vais me faire chier comme une meuf atteinte de la gastro,
avec tous ces vieux.
A peine j'ai pris une gorgée, des potes de ma mère sonnent au pavtar.
Je pose mon Iphone sur la table basse et vois s'afficher un appel en absence,
c'est B.
Il a laissé un message vocal, je me réfugie dans la cuisine afin de l'écouter.
" Ouais c'est B, t'as laissé ta pochette dans la Lambo,
j'sais pas si tu veux la récupérer ce soir, si c'est le cas bah tu connais l'adresse,
sinon pas de souci je la laisse dans le coffre, tu la récupéreras plus tard, ok.
See u. "
Je casse une barre, " je la laisse dans le coffre", genre c'est un colis piégé.
Ce mec est fou. Putain.
Oh quel bâtard !